Un nouveau « Saint-Bernard » à Saint-Denis

Pauline Graulle  • 16 décembre 2013 abonné·es

On n’avait pas vu ça depuis les expulsions de l’église Saint-Bernard, en 1996. Hier, pour la première fois depuis dix-sept ans, les forces de l’ordre sont entrés dans un lieu de culte pour en expulser des sans papiers. La scène s’est déroulée vers 18h, à l’entrée de la Basilique qui se dresse en plein cœur de Saint-Denis (93). 27 hommes sans papiers avaient décidé de l’occuper pacifiquement afin d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur leur situation.

_ Ces hommes ont en effet été expulsés, il y a six mois, pour cause d’insalubrité de leurs foyers et n’ont toujours pas été relogés, faute de papiers en règle. « Cela fait six mois que ces hommes, qui ne sont pas éligibles au logement social, sont dehors, qu’ils se chauffent à l’aide de brasero, témoigne Didier Paillard, maire de Saint-Denis. Et le 115 n’est pas en mesure de leur offrir d’hébergement d’urgence » .

Illustration - Un nouveau « Saint-Bernard » à Saint-Denis - Didier Paillard, maire de Saint-Denis, bousculé à l'entrée de la Basilique, dimanche après-midi (photo:Simon Duteil / UL Solidaires Saint-Denis)

_ Venu les soutenir et s’assurer que l’expulsion se ferait sans violence, l’édile s’est fait refouler hier à l’entrée de la Basilique et menacer par un taser. Même l’ancien évêque du diocèse, le Père Olivier de Berranger s’est vu refuser l’entrée de la cathédrale par la police, rapporte un collectif d’habitants[[Ce collectif regroupe des habitants du 50 et du 103 Gabriel Péri et compte parmi ses soutiens le DAL, le Réseau Solidarité Logement, l’APEIS, le CCFD Terre Solidaire, la Coordination des foyers de Plaine Commune, la Coordination 93 de lutte des sans-papiers,
EVT, la LDH, le MRAP, RESF, UL Solidaires, AL, le Front de Gauche, le NPA, le PCF, et le PSG (Parti socialiste de gauche).]]. Contacté par Politis.fr ce matin, Didier Paillard dénonce les « méthodes » du ministère de l’Intérieur : « Le vrai trouble à l’ordre public, c’est de laisser ces gens dehors, pas l’occupation de la Basilique ! »

_ Une solution d’hébergement a bien été proposée. Mais à Neuilly-sur-Marne, à l’autre extrémité du département, ce qui éloigne considérablement ces hommes de Saint-Denis, où beaucoup ont des petits boulots. « Le Préfet refuse de les héberger, alors qu’à Saint-Denis même où ils sont à la rue depuis 194 jours, un local d’accueil de 60 places vient d’ouvrir » , fait d’autre part savoir le collectif de soutien. Cette gendarmerie désaffectée pourrait tout à fait accueillir ces 27 personnes. Au moins pour passer l’hiver.


Société
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