Une absence ! bien évidemment ?

Après avoir consulté plusieurs auditeurs attentifs de la Conférence de presse du Président François Hollande qui m’ont, hélas, confirmé dans mon écoute, celui-ci n’a, à aucun moment de cette importante prise de parole, traité de la question de l’Economie sociale et solidaire. Sans doute une absence…

Jean-Philippe Milesy  • 15 janvier 2014
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Pourtant, l’ESS dans sa diversité -et même si nous sommes fondés à nous interroger sur la présence de certaines structures, importantes quantitativement, dans l’agrégat qui la constitue- représente autour de10 à 12% du PIB, de 10 à 12% des emplois privés, 20% des votes aux dernières prud’homales employeurs (que l’on parle de supprimer : de ce fait même ?). Ceci dit sans évoquer la contribution sociale, sociétale, démocratique de l’ESS.

Mais surtout au regard de l »emploi comme préoccupation essentielle revendiquée par le Président, l’ESS aura été, dans les dernières années, créatrice nette de dizaines de milliers d’emplois face à un patronat MEDEF/CGPME/UPA, le seul que François Hollande semble vouloir considérer, qui n’aura cessé de licencier.
Et si on parle aujourd’hui d’un « plan social associatif » en cours, c’est l’effet des politiques d’austérité successives.

Pour les gens de ma génération qui œuvraient déjà dans le secteur travail-emploi-formation, il y a bien des années, la mémoire nous vient des engagements jamais tenus d’Yvon Gattaz (Monsieur père) qui affirmait créer 431.000 emplois (sic) en échange de la suppression de l’autorisation administrative de licenciement. Il y avait eu aussi des engagements Périgot, Gandois etc… tous plus vains les uns que les autres.

La modération salariale, le démantèlement des politiques sociales, les sacrifices sur les politiques publiques avec leurs effets désastreux pour l’activité et l’emploi, tout cela contribue -et même le FMI et l’OCDE le reconnaissent maintenant- à une concentration des profits sur des pratiques financières des plus dangereuses.

L’Economie sociale et solidaire peut être, si elle peut s’appuyer sur une convergence avec une économie publique, réellement social-démocrate, avec l’économie des territoires, une réponse à la crise, une alternative aux dérives financières.
_ On nous parle d’une « économie de l’offre » tandis que Jacques Fournier, militant d’Economie sociale après avoir été un grand dirigeant de grandes entreprises publiques évoque dans son dernier ouvrage la nécessité de promouvoir une  » Economie des besoins  » [éd.Odile Jacob, 2013] cette dernière étant avec l »engagement démocratique la base de l’Economie sociale hier comme aujourd’hui.

En 2012, le candidat François Hollande avait fait de l’ESS une de ses dix priorités de l’entre-deux tours, en avril 2014 doit venir en discussion devant l’Assemblée nationale, la Loi Hamon relative à l’ESS, tant attendue pourtant.
_ La récente conférence de presse du Président et cette « absence » dans son discours ne peut provoquer que déception et inquiétudes pour les acteurs de l’ESS qui massivement avaient porté leur suffrage pour un changement maintenant. Mais bien évidemment ceux-ci ne demandent qu’à être détrompés.

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