Faux tracts : Marine Le Pen en procès aujourd’hui à Béthune
Après quatre renvois, le procès engagé par Jean-Luc Mélenchon contre la présidente du Front national pour diffusion d’un faux tract[^2] lors de la campagne législative dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais doit enfin être jugé sur le tribunal correctionnel de Béthune, cet après-midi. Deux militants locaux du parti d’extrême droite sont également cités à comparaître dans cette procédure par citation directe.
Il leur est reproché, ainsi qu’à Marine Le Pen, qui était candidate dans cette circonscription, une « manœuvre frauduleuse » au sens de l’article L97 du code électoral et la publication d’un montage sans le consentement de l’intéressé (article 226-8 du code pénal). Ces délits sont passibles d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende, ainsi que d’une peine complémentaire de privation des droits civiques, autrement dit d’inéligibilité.
Selon son avocat, Me Wallerand de Saint-Just , Marine Le Pen s’estime « pas vraiment concernée par cette affaire » et devrait être absente de ce procès. Alors qu’elle avait déclaré à deux reprises, sur Canal + et sur France 3 Nord-Pas-de-Calais « assumer totalement ce tract » , quelques jours avant le premier tour des législatives, la présidente du FN tente aujourd’hui de se soustraire à ses responsabilités. Après avoir initié en vain une procédure dilatoire, sa défense voudrait faire croire que ses revendications sur les plateaux de télé ne constituent nullement des preuves de son implication.
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L’enjeu de ce procès est d’importance. « Si Marine Le Pen n’est pas condamnée, il n’y aura plus d’élections honnêtes possibles » , pointe Jean-Luc Mélenchon, puisqu’à l’avenir chaque candidat pourra, en toute impunité, éditer des tracts au nom de ses adversaires politiques. L’ancien candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle a lancé, en début de semaine sur son blog, un « appel pour des élections honnêtes » qui avait reçu, ce matin, le soutien de plus de 5 000 personnes, dont Pierre Tartakowsky, président de la Ligue des droits de l’homme, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV, Annick Coupé, porte-parole nationale de l’Union syndicale Solidaires, Eva Joly, députée européenne EELV, Julien Bayou, porte-parole d’EELV, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, ou Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble. Le NPA a également fait part de son soutien dans un communiqué.
[^2]: Ce tract sur fond vert reproduisait à côté d’une photo de Jean-Luc Mélenchon l’une de ses phrases, extraite de son contexte, prononcées lors d’un discours à Marseille le 14 avril précédent ( « Il n’y a pas d’avenir pour la France sans les Arabes et les Berbères du Maghreb. »]), assortie de la mention *« Votons Mélenchon » et sa traduction dans un arabe approximatif. Aucun imprimeur, association ou parti politique n’est mentionné sur ce tract, contrairement aux obligations légales.