« Genre » : l’incroyable capitulation du gouvernement

Pauline Graulle  • 6 février 2014 abonné·es

Illustration - « Genre » : l’incroyable capitulation du gouvernement


Ce n’est pas seulement une victoire de la Manif pour tous. C’est une grave défaite de la gauche. Et de la pensée en général. Après avoir plié sur la loi « Famille », le pouvoir a décidé de se coucher devant les réactionnaires. Un passionnant article de Mediapart révèle ainsi que, depuis un an et les mouvements qui ont accompagné la loi pour le mariage gay, le mot « genre » , considéré comme trop polémique par le gouvernement, a été banni du vocabulaire. « Lois, circulaires, rapports… Afin de ne pas trop froisser les lobbies intégristes, le gouvernement a discrètement choisi de se passer d’un des concepts les plus importants du champ intellectuel de ces dernières décennies » , explique Lucie Delaporte.

_ La journaliste, qui évoque carrément une « chasse aux sorcières » , raconte qu’à plusieurs reprises la censure est tombée : annulation par le rectorat d’un cycle de conférences sur le genre dans des collèges de Seine-Saint-Denis, suspension de la parution d’un ouvrage intitulé Déjouer le genre destiné aux enseignants, remplacement du mot « genre » par le terme « garçons-filles » dans un rapport commandé par Najat Vallaud-Belkacem, ministre du… Droit des femmes.

_ Plus que se passer d’un mot ou d’un concept , se passer du « genre » , c’est s’interdire de penser, et donc d’agir : « En remplaçant égalité de genre par égalité filles-garçons, on veut signifier qu’on ne s’attaquera surtout pas à l’ordre des choses. Or l’idée d’assurer l’égalité sans toucher aux normes est totalement absurde » , s’indigne le sociologue Éric Fassin (voir aussi ici), qui a commenté l’affaire pour Mediapart. On pensait l’obscurantisme cantonné aux paroisses ultra catholiques, le voilà désormais bel et bien entré à l’Élysée.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Tour de France : Franck Ferrand, commentateur réac’ toujours en selle
Médias 11 juillet 2025

Tour de France : Franck Ferrand, commentateur réac’ toujours en selle

Cette année encore, France Télévisions a reconduit Franck Ferrand aux commentaires en charge du patrimoine lors du Tour de France. L’écrivain, très contesté, fan de Zemmour et de thèses révisionnistes, n’hésite pas, insidieusement, à faire passer ses idées.
Par Pierre Jequier-Zalc
La CGT et le Tour de France : quand sport et luttes se marient bien
Luttes 11 juillet 2025

La CGT et le Tour de France : quand sport et luttes se marient bien

Si le Tour de France est avant tout un événement sportif, il permet aussi à des luttes sociales et politiques de mettre en avant leur combat. Comme lundi dernier, à Dunkerque pour sauver les emplois d’ArcelorMittal.
Par Pierre Jequier-Zalc
« Ils parlent d’échange de migrants comme si les personnes étaient des objets »
Entretien 11 juillet 2025 abonné·es

« Ils parlent d’échange de migrants comme si les personnes étaient des objets »

Alors qu’un accord d’échange des personnes exilées a été trouvé entre la France et le Royaume-Uni, Amélie Moyart, d’Utopia 56, revient sur les politiques répressives à la frontière et le drame qui a conduit l’association à porter plainte contre X pour homicide involontaire.
Par Élise Leclercq
Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020
Enquête 10 juillet 2025 abonné·es

Terrorisme d’extrême droite : derrière le site d’AFO, Alain Angelini, soutenu par le RN en 2020

L’homme, alias Napoléon de Guerlasse, est l’administrateur du site Guerre de France, qui servait au recrutement du groupe jugé pour association de malfaiteurs terroriste. Militant d’extrême droite soutenu par le parti lepéniste aux municipales de 2020, son absence au procès interroge.
Par Pauline Migevant