La campagne manque de rythmes scolaires

Les candidats aux municipales sont discrets sur cette réforme chère et périlleuse.

Ingrid Merckx  • 20 février 2014 abonné·es

Rythmes scolaires, tabou des municipales ? Le sujet risque d’être la première épine dans le pied des nouvelles équipes. « 88 % des villes sont prêtes », assure le comité de suivi de la réforme dans son rapport n° 2, remis à Vincent Peillon en décembre. Mais prêtes pour quoi ? 20 % des communes concernées appliquent la réforme depuis septembre. Les autres avaient jusqu’à fin janvier pour remettre leur copie décrivant le nouvel emploi du temps choisi avec 4,5 jours d’école : ici, fin de l’école à 15 h 45 puis périscolaire ; là, un quart d’heure de plus à midi, fin des cours à 16 h puis périscolaire ; là encore, fin des cours à 15 h deux jours par semaine pour bénéficier de deux fois 1 h 30 de périscolaire… Ces répartitions, avec classe le mercredi matin plutôt que le samedi pour la majorité (sauf Lille, entre autres), ont été votées en conseil municipal. Il sera difficile d’y revenir. Le contenu du temps périscolaire dégagé par la réforme et l’effectif des équipes qui vont l’assurer est dépendant du budget. Or, le vote du budget annuel des communes se fait entre janvier et avril. C’est-à-dire en plein pendant les élections.

La grande question, aujourd’hui, dans chaque territoire, est donc : quel budget pour quelles activités, avec quel encadrement ? Partant, les activités périscolaires supplémentaires resteront-elles gratuites comme l’école, payantes comme le périscolaire ou soumises à un tarif spécifique ? Les discussions sont en cours, chaque mairie préparant sa recette en fonction de la configuration locale, des partenariats avec des associations ou des organismes d’éducation populaire. Certaines proposent aux enseignants d’assurer des activités périscolaires. Ce qui leur permettrait d’ajouter des heures à leur temps de service et de développer des projets éducatifs hors programmes scolaires. Mais les enseignants sont assez remontés contre la réforme. « Plus leur point de vue de professionnel a été nié dans l’organisation des rythmes, plus les enseignants portent un regard critique sur la mise en œuvre de la réforme », rapporte le Snuipp. Ce syndicat majoritaire dans le premier degré a publié le 12 février un contre-rapport sur la réforme : 60 % seraient mécontents, 75 % estimeraient que leurs conditions de travail se sont dégradées. Et seuls 22 % y verraient un bénéfice pour les apprentissages des élèves. Autre inconnue : quelles obligations pèsent sur les maires ? 5,7 % des communes auraient refusé d’appliquer la réforme, dont Levallois-Perret (époux Balkany) et Nice (Christian Estrosi). En cas d’échec de la majorité aux municipales, le président de l’UMP, Jean-François Copé, a réclamé la suppression de la réforme, qui reste plombée notamment par son coût.