Vinci : Une nébuleuse bien bétonnée

Le géant du BTP étend son influence grâce à son réseau ancré dans les sphères du pouvoir. Et entretient une grande discrétion sur l’activité de ses nombreuses filiales, parfois situées dans des paradis fiscaux.

Thierry Brun  et  Pauline Graulle  et  Lena Bjurström  • 20 février 2014 abonné·es

Vinci, géant du BTP ? Plus seulement : l’appétit de l’ogre du CAC 40 est sans limite : 4 380 km d’autoroutes, 450 000 places de parking, des stades, des aéroports, dont peut-être celui de Notre-Dame-des-Landes… En à peine quinze ans, le spécialiste du BTP a bien changé. Né en 2000 de la fusion de la Société générale d’entreprises (SGE) et des Grands Travaux de Marseille (GTM), Vinci, qui affiche 200 000 collaborateurs, n’a eu de cesse d’étendre son empire. Absorbant de multiples sociétés, diversifiant ses sources de revenu, conquérant des marchés partout dans le monde. Au point que, selon Nicolas Jounin, maître de conférences à Paris-VIII, auteur d’une thèse sur le BTP, « personne à Vinci ne sait exactement ce que fait Vinci ».

Construction, énergie, concessions. Un modèle en trois temps qui fait la fierté de Xavier Huillard, le PDG de Vinci. « On mise sur le court, le moyen et le long terme », expliquait-il dans un entretien à Challenges [^2]. Le propos peut sembler banal, mais il sous-tend une vraie stratégie. Car, si la construction constitue l’essentiel du chiffre d’affaires, elle rapporte peu à long terme. En revanche, les concessions – comme les parkings, les ponts, les autoroutes ou les égouts – nécessitent un fort investissement mais présentent une excellente rentabilité et soutiennent les énormes bénéfices du groupe. Ces contrats forment le cœur du modèle économique de Vinci, qui profite ainsi de la fonte des deniers publics. Pour ne pas grever leur budget, État et collectivités concèdent en effet l’exploitation d’un domaine public à des sociétés privées, pour une durée pouvant aller jusqu’à soixante-dix ans, scellant ainsi leur destin à celui d’une multinationale. Concessions

Envie de terminer cet article ? Nous vous l’offrons !

Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :

Vous préférez nous soutenir directement ?
Déjà abonné ?
(mot de passe oublié ?)
Temps de lecture : 7 minutes