Bonjour chez Google !

Christine Tréguier  • 19 mars 2014
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Bonjour chez Google !

Illustration - Bonjour chez Google !

On a toujours prêté beaucoup de mauvaises intentions à Google, qui affirme pourtant ne pas être « le diable ». Rien que des médisances de jaloux… la preuve dans cette chronique-fiction.

2025 : Google lance sa nouvelle usine globale de traduction automatisée baptisée Captch à Gogo. La firme de Mountain View, également implantée sur la Lune, a vu grand et organisé une célébration planétaire durant laquelle elle décernera également un prix pour le groupe de iouseurzes qui aura achevé la numérisation du dix milliardième livre de sa BiblioTech’ mondiale.

Petite explication technique : vous connaissez tous le Captcha, ce test (de Turing) qui permet, en vous faisant retranscrire une série de lettres et de chiffres, de vérifier que vous êtes un humain et pas un « bot fureteur ». Depuis que Google a racheté à l’université Carnegie-Mellon l’algorithme Re-Captcha, qui élabore sur le même principe la traduction des fragments de textes abîmés par les internautes, la numérisation des livres anciens et de la presse des XIXe et XXe siècles a fait un pas de géant.

De plus, la multinationale, qui a reçu le Nobel de la paix il y a deux ans, a créé du lien social, fédérant des dizaines de millions d’utilisateurs heureux d’être ses esclaves… pardon ses ouvriers volontaires. D’Oslo à Bornéo, c’est la fête, une sorte de méga-transe collective qui va culminer avec la révélation des noms des trente heureux iouseurzes et des prix qui leur sont attribués.Au choix, ils auront droit :

1. Une NSA (No Souci Automobile). En effet, Google est aussi à la tête du marché florissant de la voiture autonome. Bardée de capteurs, elle se conduit seule, détecte la route et les autres automobiles et se gare d’un doigt sur la tablette. Fini le triste métro-boulot-dodo. Aujourd’hui, on travaille et on se distrait dans sa voiture, suréquipée en outils de communication : écran souple, tablettes, lecteur de Green Round (successeur entièrement biodégradable des vieux CD, DVD et Blu-ray), scanner, imprimante, connexion satellite, etc. Certains ont même choisi l’option living car aménagé ou LiG (Live in Google). Les véhicules sont loués avec forfait parking, rechargement électrique (les modèles à eau annoncés tardent), assurance, et sont garantis 100 % secure . Les rares accidents ont été analysés, et le Google Lab a trouvé des substances dans le sang des conducteurs qui confirmaient que le problème venait d’eux et non de la voiture.

2. Un contrat GAAAL (Google Art All Along Life ou « tout au long de la vie ») : tous les artistes renommés sont aujourd’hui sous contrat avec Google et participent aux GLAR (Google Labs Art Research), d’où émerge chaque année le nec plus ultra de l’art connecté. Installations poétiques interactives, robots agiles, tableaux et sculptures multimodaux animés, jouets et mobiliers intelligents nés du design des plus grands créateurs, etc. Le principe du contrat est simple : chaque mois, on choisit sur catalogue une ou plusieurs nouvelles œuvres qui sont livrées à domicile. Il existe une gamme adaptée, les TOA (Tiny œuvre d’art) pour les LiG.

3. Un contrat Google H+ (pour humain +) : là encore Google, depuis l’arrivée de Ray Kurzweil, le célèbre post-humain à la tête de la R&D, renouvelle le genre humain. On choisit sur catalogue les implants, modifications corporelles, exo-membres, troisième œil et autres améliorations biologiques qui seront installées avec le plus grand soin par les personnels des cliniques du GAG (Google Augmentation Groupe). L’assurance inclut les dégradations éventuelles du bio-corps d’origine, sauf malfaçons d’origine aussi. Le contrat vaut pour 5 ans, renouvelable moyennant finance.

4) Un contrat GIG (Google Immortality Gap) ou H++ : toujours sous l’égide de Kurzweil, Google s’est spécialisé dans la suppression des maladies génétiques dès la naissance (GIGAAL pour la vie) et l’échange standard d’organes et de fluides corporels. Éradiquer le cancer, la leucémie et la plupart des maladies orphelines, changer foie, jambe, yeux, cœur, sang ou tranches de cerveau est désormais possible, même si les tarifs prohibitifs font que ces contrats sont encore réservés à une élite. La firme a lancé récemment une première campagne grand public dont quelques slogans ont marqué les esprits : «   Ne freinez plus vos envies, mangez, buvez, fumez, Google vous gardera en bonne santé   » , ou encore «  L a cryogénisation n’est pas une option, pensez plutôt à ne pas mourir.   » Dans le cadre de cette remise de prix, le contrat sera limité à 3 ans pour le parent, ou 5 années pour un de ses enfants, les bénéficiaires devront ensuite payer de leur poche. Mais peut-on renoncer à l’immortalité une fois qu’on y a goûté ?Bien, je dois vous laisser, car GWTV (Google World TV) va maintenant annoncer les noms des gagnants, et, qui sait, peut-être en fais-je partie ? Comme on dit maintenant : « Bonjour chez Google ! »

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