Ces maires qui raccrochent : « La politique ne doit pas être un métier ! »

Pour Gilles Demailly, à Amiens, pas question d’être un « croulant » qui s’accroche au pouvoir.

Pauline Graulle  • 13 mars 2014 abonné·es
Ces maires qui raccrochent : « La politique ne doit pas être un métier ! »

«Si je deviens maire d’Amiens, ce sera seulement pour un tour. » La promesse de Gilles Demailly (PS) remonte à 2007. Elle est ensuite tombée aux oubliettes. Comme refoulée par ses collaborateurs, persuadés qu’il s’habituerait au pouvoir et finirait par en redemander. Si bien qu’en juin 2013, quand le même a annoncé qu’il ne rempilerait pas, personne n’en a cru ses oreilles. Ce n’est pas tous les jours qu’un politique tient ses promesses…

Toute sa vie, Gilles Demailly, défenseur acharné du non-cumul, n’a eu de cesse de mettre ses convictions en pratique. En politique comme ailleurs : mandat unique à la tête de l’université de Picardie Jules-Verne, mandat unique à la tête de l’IUFM de Picardie, qu’il a créé en 1991 comme « un renvoi d’ascenseur à l’école républicaine et gratuite » qui a offert à ce fils d’ouvrier agricole de devenir enseignant-­chercheur en chimie.
Crime de lèse-politique, Monsieur le maire d’Amiens refusera même de se présenter aux législatives de 2012. « On me l’a reproché. Je n’ai pas dérogé à mes principes. »

C’est que, dans cette ville de 130 000 habitants, cela faisait un bail que la gauche n’avait connu d’aussi bon candidat. En 2008, Demailly y réalise l’exploit : vaincre le maire sortant, l’ancien ministre Gilles de Robien.
Plutôt inattendu pour celui qui se définit comme un « universitaire avant tout » et qui était jusqu’alors resté au second plan sur les listes d’une gauche défaite depuis deux décennies. Jusqu’à cette candidature, poussée par un concours de circonstances : Vincent Peillon, pressenti pour se présenter, finit par renoncer. La gauche locale n’a pas de candidat sérieux. « Et je ne voulais pas d’un parachutage », précise Demailly. Fort de son expérience à l’université, où il a dirigé trois cents personnes et géré un budget de plusieurs millions d’euros, il décide donc de se lancer.

Le mandat unique, cet « héritier de Lionel Jospin pour les valeurs » le voit moins comme une contrainte que comme un surcroît de liberté : « Une fois au pouvoir, on peut plus facilement mettre en place des mesures indispensables mais pas forcément populaires. » L’ancien militant du PCF, qu’il a quitté en 1983, écœuré par les apparatchiks qui « mettent l’intérêt de l’appareil avant celui des citoyens », martèle que « la politique ne doit pas être un métier ». Et abhorre les « vieux croulants » (sic) qui s’accrochent au pouvoir.

À 65 ans, Gilles Demailly, lui, projette désormais de couler une retraite paisible auprès de sa famille, et particulièrement de ses petites-filles. Histoire de cultiver l’art d’être quatre fois grand-père. Une fonction qu’il cumulera, cette fois, avec bonheur.

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