L’accueil des Roms, un enjeu électoral délicat

Les associations de Bobigny déplorent des manifestations hostiles envers les Roms à l’approche des municipales.

Ingrid Merckx  • 20 mars 2014 abonné·es

Les affiches de la maire ont été recouvertes. Catherine Peyge, communiste et candidate à sa propre succession, se voit masquée par la mention suivante : « J’aime les Roms. Les Roms votent pour moi. »

« Tout le monde est contre les Roms à Bobigny, ou presque ! » , s’insurge Ericka Maury-Lascoux. Habitant cette ville depuis vingt ans, elle est l’un des piliers du Collectif de soutien aux Roms et Bulgares de Bobigny. Depuis trois ans, elle prend des cours de romani pour pouvoir accompagner les familles qui vivent dans le bidonville en bas de chez elle. Elles sont une ­soixantaine, soit trois cents personnes environ.

« L’incendie qui a entraîné la mort de Melisa, âgée de 8 ans, le 12 février, a provoqué un petit sursaut, mais il est vite retombé. La plupart des candidats, sauf l’extrême gauche et les Verts, s’engagent à faire évacuer le bidonville. Tous mettent en avant des raisons humanitaires, mais comment être dupe ? Une expulsion est encore plus inhumaine que de vivre dans ces conditions. Aucune n’est suivie de solution de relogement. »

Les riverains se plaignent avant tout de la saleté régnant dans le bidonville. Mais est-il possible de maintenir la propreté des lieux sans poubelles et sans eau courante, donc sans sanitaires ? On avait promis un container à chaque famille en octobre, or elles attendent encore. En raison de l’hostilité des habitants envers la population rom, Catherine Peyge est dans une position délicate : « Elle veut à la fois améliorer le sort des Roms et être réélue. Donc elle les aide sans les aider », commente Ericka Maury-Lascoux. Selon elle, la situation a empiré : « Les camps avaient résisté à Sarkozy, ils sont expulsés sous Hollande. On se disait que c’était la droite, on espérait que la gauche ferait changer les choses. »

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