« Noor » : Conduire sa vie

Noor, un road-movie sentimental et mélancolique au Pakistan.

Christophe Kantcheff  • 24 avril 2014 abonné·es

Présenté à Cannes il y a déjà deux ans dans la programmation de l’Acid, Noor, qui sort aujourd’hui sur les écrans, n’a rien perdu de son étrangeté poétique, pour nous Occidentaux. Le film, réalisé par Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, raconte l’histoire d’un khusra, du nom de la communauté des transgenres au Pakistan, en rupture avec ce milieu.

Au sortir d’une histoire sentimentale avec un autre khusra, Noor décide de changer de vie, se met à imaginer un bonheur réciproque avec une femme, une vie commune… Un projet qui nécessite un miracle physiologique, qu’un vieil homme, mi-sage mi-baratineur, conseilleur en crèmes faisant pousser la barbe, lui déclare possible s’il se rend au loin, près d’un lac sablonneux peuplé de fées, où il devra émettre son vœu. Par un concours de circonstances, Noor se retrouve au volant d’un truck, un lourd camion décoré aux couleurs locales, rose, jaune et rouge vif, et entreprend le long voyage. Dès lors, le film prend des allures de road-movie mélancolique, au rythme wendersien, tourné dans des paysages magnifiques. Noor fait de belles rencontres, comme ce joueur de tambour sourd ou cette danseuse à qui la religion interdit, comme à toutes les femmes dans ce pays, d’exercer son art. Au fur et à mesure du voyage, le rêve de Noor, qui interprète son propre rôle, s’éloigne et se rapproche. Peut-être ne le vivra-t-il jamais, mais il se sera ouvert le chemin pour que ce rêve ait quelque chance de se réaliser. Autrement dit, il aura fait sa vie d’homme.

Cinéma
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