Thomas Piketty : l’économiste « frenchie » nouvelle star aux Etats-Unis ?

Pauline Graulle  • 23 avril 2014 abonné·es

Parti faire une « tournée » américaine de présentation de son dernier livre, Le capital au XXIe siècle , l’économiste Thomas Piketty est en train de devenir une quasi star outre-Atlantique. Ironie du sort, ce proche du parti socialiste en France mais qui trouve François Hollande « assez nul » , a séduit les démocrates et a été reçu en grande pompe à la Maison Blanche par les conseillers d’Obama et le secrétaire américain au Trésor…

Plus étonnant encore, les ventes record de cette étude, la plus ambitieuse jamais entreprise sur les inégalités économiques. Ce pavé (de plus de 900 pages tout de même !) est arrivé premier des livres les plus vendus sur Amazon avec plus de 400 000 ouvrages écoulés aux Etats-Unis… Le best-seller a reçu les éloges de Paul Krugman, prix Nobel d’économie et influent chroniqueur du New York Times , qui a assuré que ce livre « changeait la manière de réfléchir sur la société et de faire de l’économie » .

Illustration - Thomas Piketty : l'économiste "frenchie" nouvelle star aux Etats-Unis ?

Signe que les idées progressistes de Piketty sont en train de conquérir les États-Unis ? Qu’on se rassure : le très libéral Wall Street Journal , quotidien du milieu des affaires, a qualifié l’économiste de gauche de « visionnaire utopiste » , l’accusant de relativiser l’échec du modèle soviétique…

L’influence de Piketty aux Etats-Unis n’est toutefois pas nouvelle : dans les années 2000, ses travaux menés avec un autre Français, Emmanuel Saez, affirmaient que 1 % de la population mondiale concentrait 20 % des revenus globaux. Ce chiffre, utilisé pour illustrer les inégalités en hausse, est devenu le signe de ralliement du mouvement Occupy Wall Street contre les « one-percenters » .

Le capital au XXIe siècle s’appuie sur quinze ans de recherches, des données historiques et comparatives plus vastes que les travaux antérieurs sur la répartition des revenus et celle des patrimoines en France, mais aussi au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le constat statistique est que, sur un siècle et demi, le rendement du capital après impôt a été de l’ordre de 4 à 5 % par an, tandis que la croissance moyenne des pays riches a été de l’ordre de 1 à 2 %, conduisant mécaniquement à une concentration toujours plus élevée des patrimoines.

Thomas Piketty affirme avec force que « l’histoire de la répartition des richesses est une histoire profondément politique et ne saurait se résumer à des mécanismes purement économiques » . Mais si tout le monde – ou presque – est d’accord pour dénoncer les inégalités, le consensus politique est bien moins évident pour lutter contre celles-ci.

Économie
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