Traduire García Márquez (À flux détendu)

Si, aujourd’hui, la réputation de García Márquez n’est plus à faire, qu’en était-il en France, en 1967, quand Cien años de soledad paraît dans son édition originale ?

Christophe Kantcheff  • 24 avril 2014
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Depuis la mort de Gabriel García Márquez , le 17 avril, tout a été dit sur la grandeur de l’auteur de Cent ans de solitude. Entre légende et réalité, la biographie de l’écrivain, prix Nobel en 1982, est à la mesure d’une œuvre à l’écriture foisonnante, baroque, faulknérienne, et dont la portée est aussi colombienne qu’universelle. Macondo, transposition fictive du village natal de García Márquez, est le lieu de tous ceux qui ont de grands rêves déchus. Mais la chronique de l’édition n’a rien d’une épopée mythologique.

Si, aujourd’hui, la réputation de García Márquez n’est plus à faire, qu’en était-il en France, en 1967, quand Cien años de soledad paraît dans son édition originale ? Un de ses livres, Pas de lettre pour le colonel, avait déjà été publié, en 1963, chez Julliard. Dans l’indifférence générale. Quatre ans plus tard, García Márquez fait donc figure de parfait inconnu.

Claude Durand, le futur PDG de Fayard , alors éditeur pour le Seuil, se met pourtant immédiatement sur le coup. Durand est jeune – il n’a pas 30 ans –, sans grande expérience, mais c’est un proche du directeur du Seuil d’alors, Paul Flamand. Et en l’occurrence, il a un goût sûr. À l’agente qui représente García Márquez, Claude Durand évoque les qualités littéraires indiscutables du livre, dont il acquiert les droits dès le début de l’année 1967. Et s’attelle lui-même à sa traduction, en compagnie de sa femme, Carmen, qui est cubaine. Le roman sortira en France en novembre 1968. L’accueil critique est très chaleureux. À la fin de l’année suivante, Cent ans de solitude reçoit le prix du meilleur livre étranger. En 1973, l’édition de poche est tirée d’emblée à 40 000 exemplaires. Même avec de très grands livres, les succès ne se font pas tout seuls. Claude Durand y a eu, ici, une part cruciale, d’autant que la traduction qu’il a signée avec sa femme reste, aujourd’hui encore, une pure merveille.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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