Il est risqué de manifester contre le TTIP à Bruxelles

249 manifestants pacifiques qui participaient à Bruxelles à un rassemblement contre le Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP) ont été brutalisés, arrêtés et menottés pendant plusieurs heures.

Michel Soudais  • 15 mai 2014 abonné·es
Il est risqué de manifester contre le TTIP à Bruxelles
© Photo: capture d'écran tweeté par @marchebxl

La tension monte autour de l’accord de libre-échange en cours de négociation entre l’Union européenne et les États-Unis. Ce matin, 249 manifestants de tous âges, mais pacifiques, ont été interpellés à Bruxelles lors d’un rassemblement, a déclaré Sebastian Franco, porte-parole de l’Alliance D19-20, qui rassemble des associations d’agriculteurs, de chômeurs, de syndicalistes et d’artistes, inquiets du risque de « catastrophe sociale, écologique et alimentaire » induit par le TTIP, appelé aussi Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA), actuellement négocié par Bruxelles et Washington.

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Le porte-parole de la police , Christian de Coninck, a justifié l’intervention policière par le fait que les manifestants avaient tenté, alors qu’ils n’en avaient pas l’autorisation, de rallier les abords d’une réunion où devait notamment s’exprimer le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, devant un parterre d’hommes d’affaires. Le même porte-parole a confirmé la présence de députés belges parmi les personnes arrêtées et indiqué qu’ils avaient été relâchés dès leur identité connue.
La formation écologiste belge Ecolo avait dépêché sur place une quinzaine de mandataires et de militants, qui font partie des personnes interpellées, dont les trois députés du parlement régional bruxellois Anne Herscovici, Ahmed Mouhssin et Alain Maron, selon son porte-parole, Franco Meggetto. Ces députés régionaux ont été relâchés en milieu de journée, à la demande de la coprésidente d’Ecolo, Emily Hoyos, a indiqué le parti vert. 
Étaient aussi au nombre des personnes interpellées des Français, responsables d’associations et de syndicats tels Hélène Cabioc’h (Attac/Aitec), Annick Coupé (Solidaires), Nicolas Galepides (SUD PTT), Daniel Rallet (FSU), selon un communiqué du Parti de gauche.
« Il est regrettable que des élus aient été en contravention » , a estimé le porte-parole de la police. Surtout que les arrestations ont été musclées, comme on peut s’en faire une idée sur cette vidéo amateur mise en ligne aussitôt après.

Les manifestants, qui étaient un petit millier à se rassembler en début de matinée à proximité du palais de justice de Bruxelles, entendaient « encercler » par petits groupes le palais d’Egmont, un bâtiment de prestige appartenant à l’État belge où se tient une réunion de l’European Business Summit. Les forces de l’ordre ont fait usage de canons à eau pour les en empêcher, avant de procéder aux arrestations.
Les force de l’ordre « se comportaient comme si les manifestants étaient des terroristes alors qu’il s’agit de simples citoyens et militants » , a dénoncé le secrétaire d’État au Logement du gouvernement régional bruxellois, l’écologiste Cristos Doulkeridis.
Les manifestants interpellés ont été menottés dans le dos avec des liens en plastique, avant d’être transférés en cars dans des locaux policiers.

Ils ont été relâchés quelques heures plus tard. Après avoir été photographiés et avoir dû donner leurs empreintes, selon des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux.