Droit de « jubiler » : vers une retraite bien avant 60 ans

Qui, depuis le début des réformes de la retraite, n’a entendu ces parents éplorés déplorer que leurs enfants ne bénéficieront plus de cet avantage social ? Eh bien, c’est une erreur, car le fossé béant entre la cessation effective d’activité et la perception d’une retraite dûment méritée ne pourra pas continuer à se creuser éternellement.

Le Yéti  • 10 juin 2014
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En France, l’âge moyen de sortie effective du marché du travail se situe à 59,7 ans pour les hommes, 60 ans pour les femmes (source : OCDE 2013). Et le taux d’emploi des seniors entre 55 et 64 ans est seulement de 44,5 % (source : Insee 2012).

Comme tous les pays membres de l’UE, la France fait des efforts désespérés (et vains à l’heure qu’il est) pour tenter de porter ce taux d’emploi au-delà des 50 %. Mais même en admettant qu’il soit possible d’y parvenir, ce serait encore bien loin du compte pour prétendre au plein-emploi chez les citoyens blanchis sous le harnais.

Plus grave, cela ne ferait que reporter une partie du problème sur les plus jeunes dont le taux de chômage explose et l’entrée dans la vie active recule.

La tendance est à la diminution de la durée globale du travail

On mesure là le cul-de-sac dans lequel s’engouffre le monde d’avant avec ces réformes frénétiques sur les retraites. On mesure toute l’absurdité à courte vue des raisonnements spécieux sur l’allongement de la durée de vie qui sont supposés les motiver.

Le problème (nous y reviendrons en détail dans un prochain épisode de la série), c’est que l’allongement de la durée de vie est inversement proportionnel à la quantité de travail disponible, sinon même nécessaire.

En attendant, l’âge officiel de départ à la retraite étant fixé aujourd’hui à 65 ans, le fossé entre la cessation effective d’activité et sa rémunération sous forme d’allocations de retraite est supérieur à 5 ans . Et il y a toutes les chances que nos autorités cherchent à le creuser encore.

Du moins, le temps que nous revenions à la raison et aux réalités. Car n’en déplaise aux olibrius qui voudraient nous faire avaler le contraire, la tendance est bien à la diminution de la durée globale du travail, pas à son extension. Il suffit de se rendre dans la moindre agence de Pôle emploi pour s’en persuader.

Pour un revenu d’existence évolutif

C’est là que là que rapplique sur le devant de la scène ce revenu d’existence dont nous parlions précédemment.

Mais un revenu d’existence évolutif, pour que chaque personne d’âge respectable bénéficie du gain de ses activités passées. Dans mon petit programme personnel de gouvernement, je proposais ainsi la création de points d’activité valant indemnités qui viendraient s’ajouter au revenu de base en fonction des tâches accomplies.

Ne vous désespérez pas trop sur le sort futur de vos enfants, chers parents éplorés. La situation actuelle des seniors (comme celle des jeunes, d’ailleurs) est évidemment intenable et ne sera pas tenue. La nature a horreur du vide et finit toujours par le combler.

Dans la douleur, bien entendu, tant nos esprits, englués les schémas mentaux imposés du monde d’avant, sont lents à admettre les évidences les plus criantes et à y apporter les réponses appropriées.

Mais sachez aussi qu’en espagnol retraite se dit « jubilación » . Et que, n’en déplaise aux moralistes castrateurs de tous poils, chaque être est légitimé à exiger son droit à « jubiler ». Le plus tôt serait même le mieux, non ?

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