Faire « confiance » au FN (À flux détendu)

En ce jour de conseil municipal au Havre, Damien Lenoir (FN) prend patriotiquement la parole au sujet d’une subvention de 500 euros à accorder à la Ligue des droits de l’homme.

Christophe Kantcheff  • 12 juin 2014 abonné·es

La scène se déroule au Havre, lors du conseil municipal du mois d’avril. Parmi les quatre membres du Front national fraîchement élus : Damien Lenoir. Une pointure ce Damien, un leader incontestable. En ce jour de conseil municipal, il prend patriotiquement la parole au sujet d’une subvention de 500 euros à accorder à la Ligue des droits de l’homme. « M. le maire, nous pouvons nous interroger sur le bien-fondé de cette demande », tonne-t-il. Damien, au taquet, fourbit ses arguments. Il invoque un rapport de commissaires aux comptes, dont une « analyse rapide » faite par ses soins –  « vous pouvez me faire confiance, précise-t-il, c’est mon métier »  – montre que cette subvention est superfétatoire. Il ajoute que la LDH a des buts politiques, et ça, ce n’est vraiment pas possible…

Damien Lenoir laisse le micro, avec la satisfaction de celui qui vient de terrasser l’hydre de l’anti-France. Quand bientôt le maire, Édouard Philippe (UMP), s’exprime. Et voici ce que l’homme de droite répond à celui d’extrême droite : « Vous avez parfaitement le droit d’être “contre” le message que  [la LDH] distille. Mais il se trouve que la LDH est une association connue et reconnue, qui a une action  […] pour la promotion et évidemment pour la lutte s’agissant des droits de l’homme. En effet, les droits de l’homme, ce n’est pas un truc qui s’obtient en demandant gentiment, voyez-vous. C’est le résultat de luttes politiques, d’engagements citoyens, de bras de fer, d’opérations de communication. Et même si parfois je ne suis pas forcément d’accord avec des prises de position qu’ils ont dans le débat public national, je sais aussi ce que, d’une certaine façon, la démocratie française doit à des associations comme la LDH. Je me félicite que, très modestement, nous puissions accompagner son action sur le territoire havrais, parce que je ne suis pas sûr que nous ayons beaucoup à y perdre. » Paraît que Damien l’a un peu moins ramenée, après…

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