Arme de persuasion massive

L’Institut Montaigne et ses partenaires industriels poussent le gouvernement à sortir de la réglementation interdisant les gaz de schiste.

Thierry Brun  • 17 juillet 2014 abonné·es

Le lobbying en faveur de l’exploitation des gaz de schiste est monté d’un cran avec la publication, le 11 juillet, d’un rapport de l’Institut Montaigne. Un coup de semonce au titre explicite : « Gaz de schiste : comment avancer ». Le think tank libéral – financé par de nombreux fleurons du CAC 40, dont Suez, Total, Vallourec et Veolia, quatre industriels très actifs dans l’exploitation des gaz de schiste aux États-Unis – a employé les grands moyens pour piétiner toute velléité d’opposition à l’exploration et à l’exploitation d’hydrocarbures dits non conventionnels en France. Le «  statu quo sur le gaz de schiste privilégié par les autorités publiques françaises depuis 2011 est impossible », affirme le groupe de travail de l’Institut. Un groupe constitué de conseillers du Boston Consulting Group, numéro 1 mondial du conseil en stratégie d’entreprise, et de De Pardieu Brocas Maffei, l’un des plus grands cabinets d’avocats d’affaires français. La réglementation interdisant depuis le 13 juillet 2011 la fracturation hydraulique sur le sol français pour l’extraction de gaz de schiste est jetée aux orties, au nom d’un « différentiel de compétitivité très important entre l’Europe et les États-Unis » et de « la sécurité d’approvisionnement de la France » .

À cet argument classique les auteurs en ont ajouté un autre : la France s’est engagée sur le chemin de la transition énergétique en annonçant la réduction de 40 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, puis de 60 % en 2040. Un « processus progressif qui nécessitera une réflexion globale sur le mix énergétique français », le gaz de schiste, « complémentaire des énergies renouvelables », étant « une composante cruciale de cette transition énergétique ». Et le rapport insiste sur « le développement du gaz de schiste en France,  [qui] doit faire partie d’une politique globale de réindustrialisation des territoires ». Sûrs de leurs propos, les auteurs prévoient une « éventuelle levée de l’interdiction » et prônent « des modifications du cadre réglementaire français » pour « répondre à l’exigence de transparence et d’information exprimée par la population ». Car le rapport anticipe un encadrement « des premiers projets d’exploration » et « à terme  [des] projets d’exploitation, sur le modèle des systèmes de contrôle des impacts environnementaux développés par des pays voisins ». Si, avec ça, le gouvernement n’est pas convaincu…

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre