Témoignages

Trois profs, trois façons d’expérimenter à l’école.

Louise Pluyaud (collectif Focus)  • 10 juillet 2014 abonné·es

Le désobéisseur sanctionné

« Parce que je n’avais pas la “bonne manière de servir”, ma hiérarchie, au niveau local, m’a sanctionné : mon poste de formateur a été supprimé et j’ai reçu un blâme. Aujourd’hui, il n’est toujours pas levé, mais ce qui m’importe réellement, c’est que l’institution reprenne les choses en main. Quant à mon poste de formateur, pour le retrouver, l’inspecteur d’académie m’a demandé de lui écrire un courrier de loyauté, ce que j’ai fait, et dans lequel je lui avouais très honnêtement que je ne pouvais pas obéir à tout. Évidemment, sa réponse a été négative et je souffre beaucoup de ne plus exercer ce poste. Certains enseignants, même s’ils étaient d’accord, ont préféré rester dans le rang. Sans doute avaient-ils peur des représailles. D’autant que les obéissants ont reçu une prime de 400 euros s’ils faisaient bien tout ce qu’on leur demandait. »

François Le Menahèze, formateur à l’IUFM, Pays de la Loire

Bouger les lignes de l’intérieur

Mon souhait en démarrant cette expérimentation pédagogique était de recentrer le débat éducatif sur la recherche scientifique, car pendant que nous rediscutons continuellement de programmes scolaires, celui de la nature nous passe sous le nez. L’enfant possède en effet des forces vives qui le poussent spontanément à apprendre, par périodes bien déterminées et aujourd’hui bien connues par la recherche. En développant les travaux du Dr Maria Montessori, je voulais ainsi faire entrer dans le système scolaire public une autre proposition pour l’école élémentaire. Les résultats ont été au-delà de nos attentes ! J’ai prouvé qu’on pouvait « faire bouger les lignes de l’intérieur ». Après trois années d’expérimentation, je quitte aujourd’hui la classe de Genneviliers pour partager ces précieux outils pédagogiques le plus largement possible.

Céline Alvarez

Le renoncement

Je n’ai jamais été à l’aise avec l’éducation traditionnelle, mais je voulais faire changer les choses de l’intérieur. J’ai bien tenté d’appliquer des méthodes alternatives pendant six ans à l’école publique, mais je me suis constamment heurtée aux murs de l’institution. J’appliquais un modèle qui allait à l’encontre de mes valeurs et de ma vision pédagogique. Quand je suis arrivée en classe de CM2, j’étais obligée de mettre dès le début de l’année les enfants en situation d’évaluation. Mais ils n’étaient pas prêts à passer ces tests. L’Éducation nationale forme à la compétition au prix de l’épanouissement des élèves. Aujourd’hui, je veux continuer à enseigner, mais la seule solution pour moi, c’est de monter une école sans lien avec l’Éducation nationale : une école privée.

Delphine Laval

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