Trop de pression au boulot !

Une récente enquête alerte sur la dégradation des conditions de vie au travail. En cause, la crise, mais aussi le management et l’informatique.

Pauline Graulle  • 10 juillet 2014 abonné·es

Toujours moins de travail pour les chômeurs… mais de plus en plus de boulot pour les travailleurs ! Dans sa dernière enquête, « Conditions de travail » [^2], la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) révèle que, pour ceux qui ont la « chance » d’avoir un emploi, l’intensité du travail s’est fortement accrue depuis 2005. Le développement de l’informatique dans l’entreprise est l’une des causes de cette dégradation de la vie au travail : la part des salariés dont le rythme de travail est « imposé par un contrôle ou un suivi informatisé est ainsi passée de 25 % en 2005 à 35 % », indique la Dares.

Résultat, les cadres, mais aussi les professions intermédiaires, doivent faire avec une pression grandissante. Dans le secteur public, les salariés sont en outre confrontés à de nouvelles méthodes de management importées du privé. Des méthodes qui leur laissent de moins en moins de marge de manœuvre et qui tendent à ne considérer que les seuls résultats. Aujourd’hui, 52 % des salariés français doivent passer un entretien individuel d’évaluation – c’est 7 points de plus qu’il y a huit ans. Dans les métiers en contact avec le public, l’intensité émotionnelle et les situations de tensions se sont aussi multipliées : 53 % des interrogés affirment désormais « devoir calmer les gens », et 44 % « être en contact avec des personnes en situation de détresse ». Dans les deux cas, c’est 6 points de plus qu’en 2005. Bien sûr, la crise économique est passée par là. Dans un contexte de réduction constante des effectifs conduisant à une « chute de l’emploi intérieur », « l’intensification s’est reportée sur les salariés en emploi stable mais plus polyvalents », explique l’économiste Thomas Coutrot à la revue Santé & Travail, laquelle consacre plusieurs pages à l’étude de la Dares. Pour la sociologue Valentine Hélardot, on assisterait à « une “re-taylorisation” du travail, modulée par la montée des contraintes. Les conditions de travail des ouvriers et des cadres tendent ainsi à se rapprocher ». Tout cela est donc une « très mauvaise nouvelle », estime François Desriaux, le rédacteur en chef de la revue, qui signe un édito inquiet appelant travailleurs et travailleuses à « lever le pied ». N’en déplaise à un gouvernement obsédé par la compétitivité.

[^2]: « Conditions de travail. Reprise de l’intensification du travail chez les salariés », Dares, juillet 2014.

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