Attac : Démultiplier les luttes

Du 19 au 23 août, Paris accueillait l’université d’été européenne des mouvements sociaux, organisée par Attac France.

Lena Bjurström  • 28 août 2014 abonné·es
Attac : Démultiplier les luttes
© Photo : Lena Bjurström

«C ’est un vrai succès », s’enthousiasme Éric Le Gall, membre d’Attac et coorganisateur de l’événement. En cette fin du mois d’août, l’université Paris-Diderot est occupée par des stands colorés et de larges affiches appelant à construire « d’autres possibles ». Les amphithéâtres sont bondés, on y parle français, allemand, anglais ou espagnol, et, comme dans tout événement collectif, plusieurs dizaines de personnes se pressent à la buvette. Entre deux séminaires, certains sirotent un café, consultent les livres sur les stands, d’autres discutent dans l’herbe, à deux pas d’une conférence gesticulée sur l’hypothétique fin du « pétrosystème » en 2034.

La troisième édition de l’université d’été européenne des mouvements sociaux a accueilli près de 2 000 participants dans les locaux de la faculté du sud de Paris. Davantage que lors des deux premières éditions en Allemagne, et « bien plus que prévu, selon Éric Le Gall. On n’espérait même pas 1 500 personnes. Il a fallu revoir les stocks de boissons et d’en-cas, et un certain nombre de participants occupent les escaliers des amphithéâtres, faute de sièges ». En lieu et place de l’université d’été d’Attac, cet événement européen a rassemblé près de 200 réseaux et organisations de 44 pays autour de thèmes chers à Attac : les politiques d’austérité, la finance et, bien sûr, l’accord de libre-échange transatlantique (TTIP ou Tafta), mais aussi la question du climat, un an avant la conférence des Nations unies à Paris, et du buen vivir (« bien vivre »). L’enjeu ? « Rassembler des militants de toute l’Europe et au-delà pour travailler non seulement sur l’analyse des crises actuelles, mais surtout sur l’organisation d’actions communes », explique Thomas Coutrot, porte-parole d’Attac. « La réflexion est importante, mais il s’agit désormais d’organiser nos initiatives, renchérit Geneviève Azam, également porte-parole de l’association. Il faut repenser l’organisation des luttes, reconstruire la gauche par les mouvements sociaux. »

Comment s’attaquer aux causes des crises et mener des actions radicales sans s’isoler des autres luttes ? Une question récurrente dans les débats. « Aujourd’hui le mouvement altermondialiste est élargi. Il y a les forces traditionnelles, comme les syndicats, mais aussi les organisations pour la justice climatique, ainsi que des mouvements plus jeunes, comme les Indignés, Occupy… Il n’y a pas qu’une seule forme de lutte, analyse Geneviève Azam. Et nous avons cette tendance, à gauche, à n’imaginer qu’un seul et même mouvement convergeant vers un même objectif. Mais on ne fera pas converger les pratiques de forces traditionnelles et celles de mouvements comme celui de la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes. En revanche, ils peuvent s’épauler. Le but n’est pas de les fusionner mais bien de démultiplier les échelles de lutte. De la base jusqu’au sein des institutions. » Créer un espace de dialogue entre des mouvements aux pratiques différentes, c’est tout l’enjeu de cette université d’été. Avec plus ou moins de difficultés. Si le lien est établi avec les agriculteurs de l’Acipa, organisation de Notre-Dame-des-landes, la ZAD n’est, semble-t-il, pas présente. De son côté, Geneviève Azam espère, « sans prétention », qu’Attac puisse jouer les entremetteurs entre les luttes dites traditionnelles et les nouveaux mouvements sociaux et écologistes.

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