« Party Girl » : Identification d’une femme

Party Girl , premier film signé par trois cinéastes, Caméra d’or à Cannes.

Christophe Kantcheff  • 28 août 2014 abonné·es

Forbach, sur la frontière allemande, la nuit. Dans un cabaret, Angélique fait partie des hôtesses qui accueillent les clients et boivent avec eux. Mais désormais ceux-ci se font plus rares à venir vers elle, car Angélique (Angélique Litzenburger) a 60 ans. Elle continue pourtant à aimer cette existence, elle que l’on sent attachée à sa liberté, à une vie en dehors du quotidien plan-plan, entourée de ses amies du cabaret, et proche de deux de ses enfants qui vivent dans la région.

Angélique est une « party girl », et c’est d’abord le portrait de cette femme que propose ce premier long métrage de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis. Angélique étant la propre mère de ce dernier, Party Girl repose sur un socle fortement documentaire, autobiographique et « familial ». Mais les cinéastes ont choisi de construire une fiction à partir du profil atypique de cette femme de caractère, émotive et porteuse d’un univers très personnel. Le meilleur de cette fiction est l’idylle qui se noue entre elle et son plus fidèle client, Michel (Joseph Bour), vieil amoureux qui la demande en mariage. La tentation est forte, pour Angélique, d’entrer, à son âge, dans une nouvelle vie. Mais c’est au prix de son indépendance, dont l’abandon exige qu’elle soit très amoureuse. Le moins bon réside dans l’histoire des retrouvailles entre Angélique et sa fille, que la justice naguère lui a retirée. Cela donne une note misérabiliste à un réalisme qui transpire, en soi, sans avoir à en rajouter, la désolation sociale de ce coin de la Lorraine. Qu’à cela ne tienne. À Cannes, la Caméra d’or, qui récompense un premier film toutes sections confondues, a distingué un projet singulier mené à bien, qui offre une rencontre inédite avec Angélique, « party girl » d’aujourd’hui et de toujours.

Cinéma
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