La nouvelle stratégie d’Obama en Syrie.

Le soutien affirmé des États-Unis aux rebelles syriens dans leur lutte contre l’EI et le régime de Bachar Al-Assad est une vraie nouveauté.

Denis Sieffert  • 11 septembre 2014 abonné·es
La nouvelle stratégie d’Obama en Syrie.
© Photo: SAUL LOEB / POOL / AFP

Le plan anti jihadistes dévoilé mercredi par Barack Obama comporte une vraie nouveauté : le soutien aux rebelles syriens. Pour la première fois, Barack Obama a annoncé que l’offensive aérienne contre les positions de l’Etat Islamique se mènerait aussi en Syrie. Ce pays a longtemps servi de sanctuaire aux jihadistes dont l’objectif principal était de liquider les combattants anti-Assad. Obama a promis d’aider l’opposition syrienne à faire face aux jihadistes et au régime de Bachar Al-Assad qui, a-t-il dit, « a perdu toute légitimité ». C’est une fin de non recevoir adressée au dictateur syrien qui avait récemment tenté de se réinsérer dans le concert international en offrant ses services dans la lutte contre l’Etat Islamique dont il avait jusqu’ici favorisé le développement. L’annonce de Washington a évidemment été favorablement accueillie par l’opposition syrienne qui demande depuis plusieurs mois, en vain, des armes pour lutter contre le régime syrien et contre les jihadistes. Reste à savoir s’il n’est pas trop tard, et si l’Armée syrienne libre n’est pas déjà trop affaiblie.

A la tête d’une coalition internationale, le président américain affirme vouloir « détruire » le mouvement jihadiste de l’Etat Islamique. L’ironie veut que cette offensive soit à l’initiative du pays qui est le principal responsable de l’éclosion de cette organisation, conséquence de l’invasion de l’Irak en 2003, et de la politique qui s’ensuivit d’exclusion de la communauté sunnite des postes de pouvoir. Washington a également recruté dans cette opération d’envergure l’Arabie saoudite, principal pourvoyeur en armes et en financement de l’organisation jihadiste. Mais Ryad se trouve aujourd’hui dans la position de l’apprenti-sorcier, menacé par sa créature devenue surpuissante aux portes mêmes des frontières saoudiennes. Au total, les Etats-Unis et les occidentaux, dont la France, se trouvent dans une situation où il n’y a plus de bonne solution. Le choix étant de laisser prospérer un mouvement jihadiste qui massacre les populations civiles chiites et chrétiennes, ou de s’engager dans un engrenage dont nul ne peut prévoir l’issue.

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