La Poste : vers un plan social ?

La directrice des ressources humaines de La Poste, Sylvie François, a laissé entendre que le groupe n’est plus tenu de respecter son engagement de ne pas faire de plan social d’ici 2020. Une menace déguisée suite au rejet d’un accord social par trois syndicats majoritaires (CGT, SUD-PTT et FO).

Thierry Brun  • 24 septembre 2014 abonné·es
La Poste : vers un plan social ?

L’échec de la négociation autour d’un pacte social nommé « Un avenir pour chaque postier » a suscité une réaction menaçante de la direction des ressources humaines du groupe La Poste. Interrogée lors d’une rencontre avec des journalistes sur la non validation de cet accord social par trois syndicats (CGT, SUD-PTT et FO), représentant plus de 70 % du personnel, Sylvie François, directrice des ressources humaines du groupe, a laissé entendre, le 23 septembre, que La Poste n’est plus tenue de respecter son engagement de ne pas faire de plan social d’ici 2020, indique une dépêche de l’Agence France Presse (AFP).

« Nous avions pris, à la demande des organisations syndicales, un engagement pour la durée du plan stratégique sur l’absence de plan de départs contraints » , explique Sylvie François qui, constatant l’échec de l’accord, a précisé : « Il n’y a pas de plan de départ contraints que nous allons lancer » , tout en ajoutant : « Je vous parle d’aujourd’hui » .

« Un plan social à La Poste ? »* , interroge la fédération SUD-PTT** dans un communiqué publié le 24 septembre. Le syndicat constate « la rancœur d’une direction patronale qui vient d’être désavouée par l’échec de sa négociation » sur le pacte social.

« Au vu du contenu même de cet accord, il est facile de démontrer que les patrons de La Poste ne cherchaient qu’à rendre les organisations syndicales complices des restructurations massives des mois et années à venir sans aucune possibilité de remise en cause d’une stratégie particulièrement destructrice d’emplois. »

L’entreprise qui emploie près de 222 000 personnes a supprimé 5 000 emplois au premier semestre 2014, affirme SUD-PTT et la CGT, qui notent aussi que la précarité progresse dans l’entreprise, son taux étant en augmentation de près de 5 %, avec 22 895 CDD en 2013. Le dernier bilan social faisait état de quelque 4 900 suppressions de postes en 2013, indique la CGT, « alors que La Poste a affiché pour 2013 un bénéfice net en progression de 31%, un résultat net de 627 millions et un chiffre d’affaires annuel de 22,08 milliards d’euros, en progression de 2% sur un an » .
Pour l’heure, l’absence de plan social à La Poste n’empêche pas les effectifs de chuter, les départs n’étant pas tous remplacés. De son côté, le PDG de La Poste, Philippe Wahl a prévenu en début d’année que le groupe ralentirait les embauches en 2015.

Économie
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