Proche-Orient : L’offensive désespérée de Mahmoud Abbas

Face à l’opposition américaine, le président de l’Autorité palestinienne est venu chercher le soutien de Paris. En vain.

Denis Sieffert  • 25 septembre 2014 abonné·es
Proche-Orient : L’offensive désespérée de Mahmoud Abbas
© Photo : CITIZENSIDE/NICOLAS KOVARIK/AFP

C’est en sachant sa tentative vouée à l’échec que Mahmoud Abbas devait défendre vendredi, devant l’Assemblée générale des Nations unies, un nouveau plan prévoyant de mettre fin sous trois ans à l’occupation israélienne des territoires palestiniens et la fondation d’un État indépendant ayant Jérusalem-Est pour capitale. En fait, cela faisait deux semaines déjà que le président de l’Autorité palestinienne savait que les États-Unis avaient décidé, une fois encore et sans surprise, de rejeter son plan. C’est donc en connaissance de cause qu’il est venu, le 19 septembre, chercher le soutien de Paris. Il a tout juste reçu de François Hollande l’assurance qu’il y aurait bien une résolution sur « la solution du conflit » israélo-palestinien à l’Assemblée générale de l’ONU. Car François Hollande ne s’est guère engagé, affirmant que la France aurait à dire « très clairement, dans une résolution qui sera présentée au Conseil de sécurité, ce que nous attendons maintenant du processus et ce que doit être la solution au conflit ». À quelques jours du rendez-vous des Nations unies, Mahmoud Abbas avait appelé « tous les pays à prendre leurs responsabilités pour mettre un terme à un conflit qui dure depuis soixante-six ans ». « Faire la paix, avait-il ajouté, donnera une légitimité accrue à la lutte contre le terrorisme dans la région. » L’allusion au terrorisme n’était évidemment pas fortuite, alors que les États-Unis et la France, notamment, engagés dans la coalition anti-État islamique, sont menacés de représailles par l’organisation jihadiste. C’est mettre le doigt sur une des incohérences majeures des politiques occidentales. La responsabilité des grandes capitales dans l’impasse israélo-palestinienne, leur complicité avec Israël et leur mépris affiché pour le droit international sont autant de ferments de colère et de révolte dans le monde arabe, et, plus ou moins directement, un encouragement au jihad.

En attendant, la politique des Occidentaux place une nouvelle fois Mahmoud Abbas dans une situation très inconfortable. Il hésite toujours à abattre sa dernière carte, qui consisterait à demander l’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale et à engager des poursuites contre les responsables israéliens pour « crimes de guerre », après la récente offensive sanglante sur Gaza. Sans compter que l’Autorité palestinienne sort politiquement affaiblie de cet été tragique, alors que le Hamas en sort renforcé. En début de semaine, le Fatah et le Hamas devaient se retrouver au Caire, sous l’égide des Égyptiens, pour tenter de sauver leur accord de réconciliation conclu en avril dernier. Un accord qui avait permis l’installation d’un gouvernement d’union composé de personnalités de la société civile et de techniciens. L’Autorité palestinienne et le Fatah reprochent au Hamas d’empêcher ce gouvernement de travailler à Gaza. Enfin, des contacts devaient avoir lieu ensuite entre des délégations palestinienne et israélienne pour tenter de consolider le cessez-le-feu conclu le 26 août. Ce qui signifierait des mesures d’allégement du blocus de Gaza par Israël, la construction d’un port et la rénovation de l’aéroport de Gaza. Mais on peut faire confiance à Benyamin Netanyahou pour ne rien céder et aggraver le sort des Gazaouis après des bombardements qui ont fait 2 200 morts côté palestinien.

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