Bilan low cost pour Air France

Demi-victoire pour les pilotes, qui reprennent le travail après un conflit mal perçu par l’opinion.

Lou-Eve Popper  • 2 octobre 2014 abonné·es
Bilan low cost pour Air France
© Photo : CITIZENSIDE / VALENTINA CAMOZZA

Après quatorze jours de conflit, le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire à 71 %, a annoncé dimanche qu’il cessait la grève. Au contraire du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF), qui a reconduit son préavis jusqu’au 2 octobre pour obtenir que « la direction revienne sur ses positions et adopte un véritable dialogue social ». Cette reprise de l’activité pour la majorité des pilotes représente une demi-victoire pour le SNPL. Le projet de Transavia Europe, qui devait concurrencer les offres low cost des grandes compagnies européennes comme Ryanair ou Easyjet, a été abandonné. Mais les syndicats ont échoué à faire adopter un contrat unique pour les pilotes d’Air France et de Transavia, puisque ceux qui voleront à bord de la flotte Transavia le feront aux conditions de la low cost française.

Le combat des salariés d’Air France contre les délocalisations et pour préserver les conditions de travail est certes légitime. Aucun des salariés, au sein du groupe Air France-KLM, ne désirait voir ses conditions de travail alignées sur celles des salariés portugais, comme il était prévu avec Transavia Europe. Mais on peut regretter que cette lutte ait été menée par les pilotes et pour les pilotes, lesquels gagnent en moyenne 12 500 euros bruts par mois. Car les syndicats ont entamé leur bras de fer avec la direction du groupe et le gouvernement sans se soucier des emplois des autres salariés, qu’ils mettaient potentiellement en danger. Le 24 septembre, une manifestation a d’ailleurs regroupé des centaines d’opposants au conflit (personnel au sol et d’escale, agents de maintenance, techniciens, commerciaux et même quelques pilotes) devant le siège de la compagnie. Un vent de protestation a également soufflé parmi les pilotes du syndicat SNPL Transavia France, qui estiment que le plan de fin de conflit est trop favorable aux pilotes d’Air France. Ces derniers voulaient imposer à la direction de travailler pour la filiale low cost à la condition qu’ils soient promus plus rapidement commandants de bord, écartant ainsi les pilotes de Transavia de ce poste envié. En fin de compte, le conflit a souffert de l’image de nantis des pilotes. La direction, le gouvernement et les médias s’employant à ne voir là que des revendications corporatistes.

Travail
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Santé mentale au travail : la grande cause oubliée
Analyse 3 juillet 2025 abonné·es

Santé mentale au travail : la grande cause oubliée

Malgré son statut de grande cause nationale pour 2025, la santé mentale reste largement ignorée dans les entreprises. Les salarié·es souffrent en silence, pendant que la prévention patine et que les conditions de travail se détériorent.
Par Paul Hetté
Conclave : comment le Medef a planté les négociations
Récit 24 juin 2025 abonné·es

Conclave : comment le Medef a planté les négociations

Invitée à négocier alors qu’elle ne le voulait pas, la puissante organisation patronale a tout mis en œuvre, depuis des mois, pour faire échouer le conclave sur les retraites. Ce mardi, François Bayrou va tenter de les faire changer d’avis. À quel prix ?
Par Pierre Jequier-Zalc
Retrouver le temps : l’âge de la retraite, marqueur de la gauche
Parti Pris 13 juin 2025

Retrouver le temps : l’âge de la retraite, marqueur de la gauche

La conquête du temps libre, notamment grâce à la retraite, et en refusant d’augmenter l’âge de départ légal, définit ce que signifie être de gauche dans notre pays. Au crépuscule du conclave sur les retraites, partis et syndicats feraient bien de s’en rappeler.
Par Catherine Tricot
Conclave sur les retraites : le piège se referme sur les syndicats
Analyse 13 juin 2025

Conclave sur les retraites : le piège se referme sur les syndicats

La date fatidique approche. Le 17 juin, on devrait savoir si le conclave sur les retraites aboutit, ou non, sur un accord entre partenaires sociaux. Ce qui est déjà certain, c’est qu’il n’y aura aucun changement sur le très controversé âge de départ. Comme attendu, le piège du conclave se referme sur les organisations syndicales.
Par Pierre Jequier-Zalc