C’est quoi, être de gauche ? Annie Ernaux : « Ce que je veux pour moi, tout le monde y a droit »

**Annie Ernaux** , écrivain.

Annie Ernaux  • 30 octobre 2014 abonné·es
C’est quoi, être de gauche ? Annie Ernaux : « Ce que je veux pour moi, tout le monde y a droit »
© Photo : C. Debru

Être de gauche, c’est un regard sur soi et sur le monde, sur soi dans le monde : voir l’Autre, qu’il soit malien ou chinois, hétéro ou homo, catholique, juif ou musulman, gitan, SDF, voire criminel, pédophile, comme d’abord semblable à soi et non pas d’abord différent, d’abord étranger.
C’est, au fond, le regard de Térence – ancien esclave, est-ce un hasard ? « Je suis homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »

Et donc, être de gauche, c’est considérer que ce que je veux pour moi – la liberté, un toit, l’égalité de traitement, de dignité, la justice, le respect, des perspectives d’avenir, etc. –, tout le monde y a droit. Devrait.

Être de gauche, fondamentalement, c’est ne pas prendre son parti de ce qui existe, de l’injustice du hasard de la naissance, de l’inégalité des conditions, des dominations sociales, culturelles, sexistes. C’est être convaincu que les sociétés sont perfectibles et non pas fondées sur un ordre naturel inéluctable.

Donc vouloir une politique qui corrige les injustices : priorité de l’éducation sur la répression, partage du travail, redistribution des richesses par l’impôt avec la taxation supérieure des revenus du capital sur ceux du travail, création d’un revenu minimum pour tous. Une politique écologique qui préserve l’avenir de la planète.

Être de gauche, ce n’est pas être idéaliste, mais au contraire très réaliste, en refusant les « recettes » libérales et le repli conservateur, en misant sur les forces actives de toutes les composantes – y compris la plus récente – de la société française.

Politique
Temps de lecture : 1 minute

Pour aller plus loin…

Au procès du FN-RN, Fernand Le Rachinel met à mal la défense de Marine Le Pen
Justice 9 octobre 2024 abonné·es

Au procès du FN-RN, Fernand Le Rachinel met à mal la défense de Marine Le Pen

L’ex-eurodéputé a reconnu que ses deux « assistants parlementaires », Thierry Légier et Micheline Bruna, travaillaient en réalité auprès du président du FN, comme garde du corps et secrétaire de Jean-Marie Le Pen. Et fait état d’un mode de fonctionnement établi dès… 1984.
Par Michel Soudais
Grâce au RN, le gouvernement de Michel Barnier survit à sa première censure
Politique 8 octobre 2024 abonné·es

Grâce au RN, le gouvernement de Michel Barnier survit à sa première censure

Le Nouveau Front populaire n’a pas réussi à convaincre plus de cinq députés en dehors de sa propre alliance politique et échoué à faire tomber le gouvernement. Les soutiens de ce dernier ont ignoré le constat d’un soutien de l’extrême droite.
Par Lucas Sarafian
En Gironde, Raphaël Glucksmann tente de réanimer la social-démocratie en vue de 2027
Politique 7 octobre 2024 abonné·es

En Gironde, Raphaël Glucksmann tente de réanimer la social-démocratie en vue de 2027

Dans le petit bourg de La Réole, commune de quelque 4 000 habitants, l’eurodéputé imagine les contours d’une union à gauche qui exclurait les défenseurs de la gauche de rupture. Il entre en piste en vue de la prochaine présidentielle et assume la confrontation avec Jean-Luc Mélenchon.
Par Lucas Sarafian
Au procès du FN-RN, Marine Le Pen se met en scène
Justice 4 octobre 2024 abonné·es

Au procès du FN-RN, Marine Le Pen se met en scène

Après de vaines tentatives des avocats du FN-RN pour entraver le procès de ces assistants parlementaires, Marine Le Pen a présenté aux juges une défense très politique. Résumé des trois premières audiences d’un procès-fleuve.
Par Michel Soudais