Claude Ollier est mort

Grand écrivain trop méconnu, Claude Ollier, né le 17 décembre 1922, est mort à l’âge de 91 ans

Christophe Kantcheff  • 21 octobre 2014 abonné·es

Grand écrivain trop méconnu ayant commencé à publier au sein du Nouveau roman avec la Mise en scène , chez Minuit (prix Médicis 1958), Claude Ollier, né le 17 décembre 1922, est mort à l’âge de 91 ans.

Illustration - Claude Ollier est mort

Il y a 3 ans, il publiait son journal courant sur la décennie 2000, Simulacre , paru, comme la majeure partie de son œuvre, aux éditions POL.

Voici ce que nous en écrivions alors :

Il est là, tout à droite, sur la fameuse photographie prise en 1959 où figurent les écrivains du « Nouveau Roman » et leur éditeur, Jérôme Lindon. On voit Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Claude Mauriac, Robert Pinget, Samuel Beckett et, à côté de Nathalie Sarraute, Claude Ollier. Claude Ollier ? De tous, il est le seul à être encore vivant et à continuer à publier, à 89 ans. Claude Ollier, écrivain des confins de la perception, explorateur de sensations non reconnues, est de la dimension des plus grands d’entre eux.

Mais, pour un ensemble de raisons qui seraient à la fois compliquées et passionnantes à démêler, Claude Ollier est aujourd’hui un écrivain oublié, non lu, écarté de la scène littéraire et médiatique. Dans la presse, plus aucune ligne ne s’écrit sur ses livres depuis des années. Un scandale.
Claude Ollier fait paraître aujourd’hui le sixième tome de son journal, Simulacre (251 p., 19 euros), qui couvre les années 2000 à 2009. Le livre est publié par les éditions POL, qui témoignent envers l’écrivain d’une fidélité sans faille.

Simulacre est avant tout un journal sur la création littéraire. Dans ces années, Claude Ollier est notamment en train d’écrire Wert et la vie sans fin (2007), dont il décrit la genèse. Il revient sur certains de ses livres plus anciens, ou raconte la manière dont des étudiants ont appréhendé sans difficultés l’une de ses œuvres les plus complexes, Qatastrophe (2004). Grand lecteur, il fouille chez Nabokov ou Bernhard les mystères de la phrase ou de la composition.

Il relève chez Joyce : « L’artiste reste à l’intérieur, ou derrière, ou au-delà, ou au-dessus de son œuvre, invisible, subtilisé, hors de l’existence, indifférent, en train de se curer les ongles. » Ce n’est pas seulement affaire de discrétion – trait de caractère de Claude Ollier. C’est que, pour lui, l’œuvre primera toujours sur l’auteur.

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