Sa majesté Faithfull

Un album somptueux réalisé avec la complicité d’invités de marque.

Jacques Vincent  • 30 octobre 2014 abonné·es

Roger Waters, Steve Earle, Nick Cave… On pourrait être surpris à lire la liste des invités si on n’était pas chez Marianne Faithfull. Beaucoup d’habitués, quelques nouveaux aussi, comme Anna Calvi ou Tom McRae. Chacun a apporté une chanson ou une musique à poser sur ses textes. Car cette fois Marianne Faithfull a coécrit la majorité des chansons originales, ce qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps. Peut-être convaincue par Nick Cave, qui, à la sortie de son album de reprises Easy Come, Easy Go, qu’il avait peu goûté, lui avait dit désapprouver son choix et conseillé de plutôt écrire ses propres chansons. C’est à lui aussi que l’on doit les compositions les plus remarquables de ce disque : « Late Victorian Holocaust », qui avance au rythme des accords funèbres du piano et dans le murmure de la rumeur obscure des cordes, et « Deep Water », à la sombre délicatesse.

Tout l’album oscille d’ailleurs entre délicatesse et arrangements majestueux, du genre qui sied à une reine. Ainsi « Sparrows Will Sing », signé de l’ex-Pink Floyd Roger Waters, évoque autant les fastes spectoriens que l’emphase du « Born To Run », de Bruce Springsteen, alors que « Love More or Less » de Tom McRae est magnifique de beauté simple, triste et pure. Ne renonçant pas totalement aux reprises, Marianne Faithfull revisite « The Price of Love », des limpides et lumineux Everly Brothers, un peu à la manière de Bryan Ferry il y a longtemps, et le « Going Home » de Leonard Cohen comme un clin d’œil à un grand frère. Alternant les registres émotionnels, de la tendresse à la colère en passant par la mélancolie, elle chemine en affichant une magnifique plénitude, conjugaison de force et de grâce.

Musique
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