Climat : les enseignements du rapport du GIEC

Ce document doit servir de base scientifique aux responsables politiques dans les négociations internationales visant à limiter le réchauffement qui doivent aboutir à un accord global fin 2015 à Paris.

Politis.fr  et  AFP  • 2 novembre 2014 abonné·es
Climat : les enseignements du rapport du GIEC
© Photo: Centrale à charbon d'Hohenhameln en Allemagne, le 27 octobre 2014 (JULIAN STRATENSCHULTE/dpa/ AFP)

Il est urgent d’agir. Tel est en substance le message délivré par le rapport que le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) vient de publier ce dimanche à Copenhague. Ce rapport qui vient après ceux de 1990, 1995, 2001 et 2007, est une évaluation globale de l’état des connaissances sur le changement climatique. Ce travail colossal de partage des connaissances (30.000 études passées en revue), rédigé par 800 scientifiques (climatologues, économistes, etc.), commenté par 1.000 de leurs pairs et révisé par 2.000 relecteurs, doit servir de base scientifique aux responsables politiques dans les négociations internationales visant à limiter le réchauffement et qui doivent aboutir à un accord global fin 2015 à Paris.

A un an de cette échéance, le GIEC lance avec ce rapport un ultime cri d’alarme : « Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse » , déclare dans un communiqué Rajendra Kumar Pachauri, le président du Giec, dans la plus complète évaluation du changement climatique publiée depuis 2007.
Rappelons que la communauté internationale s’est fixée comme objectif de maintenir la hausse globale des températures sous le seuil de 2°C afin de limiter les impacts du changement climatique déjà à l’œuvre et dont la vitesse est inédite. Pour garder le cap des 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent être réduites de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et disparaître totalement d’ici 2100. Cela implique de se détourner massivement des énergies fossiles, d’améliorer fortement l’efficacité énergétique, de limiter la déforestation, etc.

Lutte contre le réchauffement et lutte contre la pauvreté

Bonne nouvelle : « Nous avons les moyens de limiter le changement climatique » , estime M. Pachauri, pour qui « les solutions sont nombreuses et permettent un développement économique et humain continu » . « Tout ce dont nous avons besoin, c’est de la volonté de changer » , ajoute-t-il. Or pour l’instant, celle-ci fait défaut. Afin de tenter de lever les obstacles le rapport répond à trois grandes questions.

Quelles seraient les conséquences d’une absence de volontarisme ? S’il n’est pas « contrôlé » , le changement climatique aura des impacts « graves, étendus et irréversibles » , confirme le communiqué du GIEC. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint les niveaux les plus élevées depuis 800.000 ans, selon le rapport. Conséquence: la température moyenne à la surface de la Terre et des océans a gagné 0,85°C entre 1880 et 2012, un réchauffement dont la vitesse est inédite. « L’atmosphère et les océans se sont réchauffés, les quantités de neige et de glace ont diminué, le niveau de la mer a augmenté » , a souligné Thomas Stocker, vice-président du GIEC.

La lutte contre le réchauffement est-elle un luxe de pays riches ? Pour les auteurs du GIEC, « limiter les effets du réchauffement climatique pose la question de l’équité et de la justice et est nécessaire pour atteindre un développement durable et éradiquer la pauvreté » . Les experts soulignent que les populations les plus vulnérables, notamment celles des pays les moins développés, auront moins de moyens pour faire face aux impacts du changement climatique. 

Limiter les effets du réchauffement climatique nuit-il à la croissance ? Le rapport tord le cou à cette idée. Réduire fortement les émissions mondiales de gaz à effet de serre « n’affectera pas significativement la croissance » , affirment les experts sur le climat. Des efforts « ambitieux » de réduction de gaz à effet de serre feraient baisser de 0,06 point le taux mondial de croissance, estimé entre 1,6 et 3% par an au cours du 21e siècle, mais « plus nous attendons pour agir, plus ce sera coûteux » .

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