Fillon et son avocat (« À flux détendu »)

Face aux révélations des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, l’ex-Premier ministre s’est tourné vers la justice pour exiger que leur enregistrement soit remis entre les mains d’un expert.

Christophe Kantcheff  • 27 novembre 2014
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Fillon et son avocat (« À flux détendu »)

« Nul n’est censé ignorer la loi. » On le sait, le célèbre adage est une fiction. Comment un simple citoyen pourrait-il connaître les 8 000 lois et les 100 000 décrets en vigueur ? Mais il n’en va pas de même avec les personnes que leurs fonctions devraient amener à fréquenter les textes juridiques. Prenons par exemple un ancien Premier ministre, François Fillon, et son avocat. Face aux révélations des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, selon lesquelles Fillon aurait demandé à Jouyet de faire accélérer les procédures en cours contre Sarkozy, l’ex-Premier ministre s’est tourné vers la justice pour exiger que leur enregistrement soit remis entre les mains d’un expert, sur la base de l’article 145 du code civil. Et cela, en préalable à la procédure de diffamation qu’il a intentée. Le tribunal de grande instance de Paris a rendu son jugement en référé le 20 novembre.

C’est du nanan. Les juges expliquent que la demande de Fillon se heurte « aux dispositions d’ordre public de la loi sur la presse, puisqu’il s’agit là d’un élément de nature à être qualifié d’offre de preuve susceptible d’être fournie par les deux journalistes dans le cadre d’une poursuite en diffamation ». Par conséquent, la mesure sollicitée par Fillon n’est pas « légalement admissible ». À l’audience, son avocat a excipé d’un autre article du code civil pour fonder la même requête. Réponse des juges : celle-ci n’est pas plus « légalement admissible ». Ils n’ont pas davantage accédé à sa demande de transcription de l’enregistrement par le président de la juridiction des référés pour en extraire les propos relatifs au fameux déjeuner. Résultat : le tribunal « dit n’y avoir lieu à référé » et « condamne M. François Fillon aux entiers dépens de référé ». Moi, je dis que quand on a été Premier ministre et qu’on se paye un aussi bon avocat – Me Versini-Campinchi, sans publicité aucune –, c’est qu’on a tout simplement du talent !

Culture
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