La CPI ne poursuivra pas Israël pour l’assaut sur la flottille de Gaza

Le raid meurtrier mené par Israël contre une flottille humanitaire à destination de Gaza, en mai 2010, restera impuni. Une fois de plus.

Lou-Eve Popper  • 6 novembre 2014 abonné·es
La CPI ne poursuivra pas Israël pour l’assaut sur la flottille de Gaza
© Crédit photo: HO / ICC / AFP

« Après avoir minutieusement** pris en compte tous les facteurs pertinents, je suis parvenue à la conclusion que les affaires éventuelles qui pourraient découler d’une enquête sur cet événement ne seraient pas suffisamment graves pour que la Cour y donne suite »* , a indiqué le procureur Fatou Bensouda (photo) dans un communiqué. Mme Bensouda avait été saisie de l’affaire par le gouvernement des Comores, un État ayant partie au Statut de Rome, le traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI). L’État des Comores était aussi celui auprès duquel était enregistré le Mavi Marmara , le navire amiral de la flottille internationale d’aide humanitaire attaqué par Israël.

A l’aube du 31 mai 2010, la flottille avait été arraisonnée dans les eaux internationales par un commando israélien alors qu’elle tentait de rallier Gaza, sous blocus israélien. Neuf Turcs à bord du Mavi Marmara avaient été tués dans l’assaut, ce qui avait provoqué une dégradation des relations diplomatiques entre la Turquie et Israël. Ce drame avait aussi suscité de nombreuses manifestations partout dans le monde.

Lire > Gaza : la colère de la rue

Après analyse , le procureur a conclu « que l’on pouvait raisonnablement penser que des crimes de guerre relevant de la compétence de la Cour pénale internationale avaient été commis sur l’un des navires en cause, le Mavi Marmara. » Mais ces crimes ne sont pas « suffisamment graves » , a-t-elle ajouté : selon le traité fondateur de la Cour, la CPI « doit avant tout se concentrer sur les crimes de guerre commis à grande échelle ou dans la poursuite d’un plan ou d’une politique. » « J’en conclus que les critères juridiques posés par le Statut de Rome pour ouvrir une enquête ne sont pas remplis et c’est pourquoi je déclare l’examen préliminaire clos » , a précisé Mme Bensouda.

Le verdict est désolant parce qu’on peut raisonnablement affirmer que le blocus infligé à Gaza depuis 2007 poursuit bien une politique. Celle qui vise à protéger Israël au mépris des souffrances engendrées pour le peuple palestinien. L’opération « Bordure Protectrice » menée par Israël cet été a fait des milliers de morts, dont une immense majorité de civils. Il s’agit donc bien de « crimes de guerre commis à grande échelle » . Et pourtant, là encore, Israël échappe à la condamnation de la CPI.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, les oliviers pris pour cibles

Alors qu’Israël ne respecte pas le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 10 octobre, la colonisation en Cisjordanie s’intensifie. Au moment de la récolte annuelle des olives, les paysans subissent les attaques violentes et répétées des colons, sous l’œil de l’armée israélienne.
Par Marius Jouanny
Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt
Reportage 10 novembre 2025 abonné·es

Moldavie : un programme pour reboiser un pays qui a perdu sa forêt

Considéré comme l’un des pays européens les plus vulnérables aux impacts du changement climatique et l’un des moins bien dotés en forêts, l’État moldave s’est embarqué il y a deux ans dans une aventure visant à planter des arbres sur 145 000 hectares.
Par Mathilde Doiezie et Alea Rentmeister
« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »
Entretien 7 novembre 2025 abonné·es

« Au Soudan, il faudra bien, tôt ou tard, imposer un cessez-le-feu »

Clément Deshayes, anthropologue et chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et spécialiste du Soudan, revient sur l’effondrement d’un pays abandonné par la communauté internationale.
Par William Jean et Maxime Sirvins
Comment la guerre au Soudan révèle les failles du contrôle mondial des armes
Soudan 7 novembre 2025 abonné·es

Comment la guerre au Soudan révèle les failles du contrôle mondial des armes

Les massacres commis à El-Fasher illustrent une guerre hautement technologique au Soudan. Derrière le cliché des pick-up dans le désert, une chaîne d’approvisionnement relie Abou Dabi, Pékin, Téhéran, Ankara et même l’Europe pour entretenir l’un des conflits les plus meurtriers de la planète.

Par William Jean et Maxime Sirvins