2015 : ces élections qui affolent déjà les marchés (et certains « démocrates »)

Il a fallu que se profile la « menace » d’élections législatives anticipées en Grèce pour que les marchés cèdent à la panique : -12,78 % à la bourse d’Athènes dans la seule journée du mardi 9 décembre, un krach de plus de 20 % sur quatre jours, une première depuis 1987.

Le Yéti  • 15 décembre 2014
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2015 : ces élections qui affolent déjà les marchés (et certains « démocrates »)
Photos : AFP

Deux trublions de gauche (le Grec Tsipras, l'Espagnol Iglesias), un de droite (l'Anglais Farage)

La cause de la panique tient à l’avancement de l’élection présidentielle grecque de deux mois, au 17 décembre. Rappelons que le président y est élu par le parlement du pays, à condition de recueillir 180 voix sur un total de 300 . Faute de quoi ladite chambre est dissoute et les électeurs appelés aux urnes.

Problème, la coalition actuelle emmenée par le conservateur Antonis Samaras est loin de pouvoir compter sur les 180 voix nécessaires. Des législatives deviennent tout à fait possible début 2015. Or ce sont les trublions de Syriza qui surfent aujourd’hui en tête de tous les sondages, au risque s’ils venaient au pouvoir de pulvériser tous les carcans mis en place par la Troïka (BCE + Commission européenne + FMI) pour pressurer la population grecque et sauver les créanciers de la haute finance.

De quelques autres « périls » démocratiques

Mais les angoisses des marchés — et de pas mal de « démocrates » de comédie — risquent de ne pas s’arrêter au seul territoire hellénique. C’est en 2015 (courant mai) que doivent se tenir des élections législatives en Espagne : au secours, cachez-nous ce Podemos que nous ne saurions voir, et qui lui aussi se pose en prétendant crédible à la victoire !

Notons encore les législatives en Grande-Bretagne le 7 mai . Au royaume de la perfide Albion, le danger vient plutôt de l’autre côté de l’échiquier politique, de droite celui-là. Pas question évidemment de mettre ici sur le même plan Nigel Farage (Ukip) avec Alexis Tsipras ou Pablo Iglesias, mais il est intéressant de noter qu’ils suscitent tous la même réaction de bête blessée chez les tenants du système qui les classent indistinctement dans la même catégorie des « europhobes ».

(Manquerait plus que les « frondeurs » PS contraignent François Hollande à une dissolution du parlement français, ô horreurs des horreurs !)

Bilan de santé psychique alarmant

La panique à la bourse d’Athènes, qui s’est répercutée sur les autres places financières (le CAC 40 français a lâché plus de 7 % lors de cette semaine maudite), donne deux indications sur l’état psychique des marchés :

-* une obstination maladive à ne pas vouloir savoir : l’avancement de deux mois de la présidentielle grecque est une broutille qui ne change rien à la donne politique de ce pays, mais contraint les autruches de la pensée unique à ouvrir les yeux plus tôt qu’ils ne l’avaient prévu ;

-* une hyper-fragilité maladive qui augure bien ce que sera l’épouvante des acteurs mainstream au premier signe de blocage sérieux, qu’il soit économique, financier, politique ou social.

Les trublions qui affolent les marchés sont pourtant loin d’avoir gagné. Les sondages ne valent pas élections. Et on peut faire confiance aux phalanges néolibérales pour mettre une pression d’enfer sur les électeurs avant les différents scrutins. Pressions d’ailleurs déjà largement entamées.

Et si les mouches changeaient d’ânes ?

Reste à savoir, s’ils venaient à l’emporter, comment les trublions, de droite comme de gauche, résisteraient aux manœuvres de coercition et de chantage qu’ils leur faudraient affronter. On a vu des « ennemis de la finance » tourner casaques pour bien moins que ça à peine élus. Reste qu’il reste aussi entre les mains des partisans du système quelques cartes non-démocratiques redoutables pour tenter en désespoir de cause de lui sauver la mise. Et que ceux-là n’hésitent jamais à s’en servir au gré de leurs intérêts.

N’empêche que le ver est dans le fruit. L’hyper-nervosité des marchés le démontre, comme si ceux-là pressentaient qu’ils n’avaient plus tout à fait toutes les cartes de la comédie démocratique en main. Comme le disait un célèbre commentateur de rugby, les mouches aussi peuvent changer d’ânes, même contre le cours convenu du jeu.

Qu’un seul de ces pays à élections risquées, un seul, en vienne à faire vraiment sécession, et c’est tout l’édifice, représenté sur le vieux continent par l’Union européenne, qui est dynamité . Décidément, cette année 2015 s’annonce passionnante.

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