Ce n’était pas très black-blanc-beur !

Patrick Piro  • 14 janvier 2015 abonné·es
Ce n’était pas très black-blanc-beur !
© Photo: RAUL ARBOLEDA / AFP

Christian Delorme, l’ex-« curé des Minguettes » , a fait part à quelques amis de ses premières réflexions sur la mobilisation nationale à la suite des attentats contre Charlie hebdo et le supermarché cacher de Vincennes. Dans ce texte dont nous publions l’essentiel, il pointe notamment la faible représentation de la communauté musulmane dont il est particulièrement à l’écoute depuis plus de trois décennies.

« (…) *Tout ce que nous avons vécu, vivons, s’avère fort bouleversant, même si nous sommes un certain nombre qui savions que cela pouvait se produire, comme nous savons encore que de pareils drames peuvent de nouveau se dérouler. Le « décrochage » de la société française d’une grande partie de la population issue de notre ancien empire colonial n’a cessé d’augmenter et de s’aggraver depuis 25 ans. Il a été, de surcroît, accompagné par une montée en puissance d’un islam obscurantiste et radical à travers le monde, qui a fourni — et fournit toujours —, une assise idéologique à la rupture personnelle avec notre société de nombreux « Franco-Maghrébins » et « Franco-Africains ». Ces dix dernières années, de surcroît, le développement et la démocratisation de la Toile ont rendu difficilement contrôlable et maîtrisable l’œuvre des idéologues de la haine. 

Dimanche, nous avons vécu dans beaucoup de villes de France, à commencer par Paris, Lyon, Bordeaux,Toulouse et Grenoble, un beau sursaut national, surtout réconfortant par le fait que l’ambiance n’était ni à la peur ni à la haine. En même temps, il ne faut pas se voiler la face : tout une partie de la France réelle était absente, à commencer par les 10 % à peu près de la population qui sont d’origine berbéro-arabo-musulmane. C’est la « France blanche » qui est descendue dans la rue. On était loin de la dimension « black-blanc-beur » de la « Marche pour l’égalité » de 1983 ! La France des petites gens et celle du monde rural n’a pas bougé, et les électeurs du Front National n’auront certainement pas été touchés par ce mouvement. À Lyon (et je crains que ce soit vrai ailleurs), j’ai également pu observer que les milieux « cathos » actifs d’aujourd’hui (ceux qui ont conduit la campagne dite « la Manif pour tous ») n’étaient pas là (sur les réseaux sociaux ils sont plus enclins à dénoncer les outrances de Charlie qu’à prêcher la cohésion nationale), à la fois signe de leur enfermement sectaire et signe de la marginalisation de l’Église catholique sur la scène française.

Il va donc falloir remonter la pente et cela ne va pas être simple. Un gros chantier est à mener pour « réintégrer » dans notre Nation ceux qui en ont décroché. Et il faut, aussi, mener le combat idéologique contre ces forces obscurantistes porteuses de mort.* (…) »

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