Des mosquées de nouveau visées après l’attentat contre Charlie Hebdo

Six mosquées, dont deux en chantier, et un centre culturel et cultuel islamique ont été pris pour cible dans la nuit de jeudi à vendredi. Un lycéen musulman a également été agressé jeudi.

Politis.fr  et  AFP  • 9 janvier 2015 abonné·es
Des mosquées de nouveau visées après l’attentat contre Charlie Hebdo

Impacts de balles, inscriptions racistes, tête de porc accrochée à une porte: différents lieux de culte musulmans en France ont été de nouveau pris pour cible dans la nuit de jeudi à vendredi, moins de 48 heures après l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo.

Tarn Quatre coups de feu ont été tirés jeudi vers 23H00 sur la façade d’une mosquée de la commune tarnaise de Saint-Juéry (7.000 habitants), proche d’Albi, sans faire de blessé. Vendredi matin, les premiers fidèles qui ouvraient la mosquée située dans un bâtiment sans signe distinctif ont constaté les dégâts et des responsables ont ensuite porté plainte, selon un enquêteur de police.

Bayonne La même nuit, des inscriptions racistes et haineuses faisant référence à l’attentat contre Charlie Hebdo ont été tracées sur la mosquée de Bayonne ou à proximité, selon des responsables du lieu de culte. L’inscription sur le portail proclamait « Charlie liberté » tandis qu’une poubelle portait des insultes racistes.

Corse En Corse, une tête de porc et des viscères ont été découverts, vendredi matin, accrochés à la porte d’une salle de prière musulmane, à Corte (Haute-Corse), a annoncé la gendarmerie.

Pas-de-Calais Deux mosquées en chantier ont été détériorées, a-t-on appris vendredi de source préfectorale. Des croix gammées ont été dessinées à Liévin où une tête de cochon a été trouvée selon le procureur. A Béthune, le tag « dehors les arabes » , était visible sur une palissade du lieu de culte en construction.

Ille-etVilaine A Rennes, les inscriptions « Er maez » – « dehors » en breton – et « Arabes » , ont été taguées à la bombe dans la nuit de jeudi à vendredi sur la façade d’un centre culturel et cultuel islamique en construction, a rapporté à l’AFP un responsable du centre.

Bas-Rhin A Bischwiller, un tag « Ich bin Charlie » (« je suis Charlie », en allemand) avait été découvert jeudi matin sur le mur extérieur d’une nouvelle mosquée, dont la construction s’achève. Dans la soirée, des caméras de surveillance ont été installées aux abords de l’édifice. « Il ne faut pas condamner tous les musulmans de France, j’appelle tout le monde au calme! » , a réagi le président de l’association culturelle franco-turque de Bischwiller, Pascal Akdem. « On a peur de ces actes d’amalgame! » , a également déclaré à l’AFP le président de l’association des musulmans de la Côte basque, Abderrahim Wajou. « On est comme tout le monde, on est effarés par ce qui s’est passé à Charlie Hebdo, c’est totalement injuste (…) Mais ajouter de l’injustice à l’injustice, c’est mettre la pagaille dans la société » , a-t-il dit.

Ces sept agressions s’ajoutent aux trois lieux de culte musulmans visés la veille, dans l’Aude, le Rhône ou encore la Sarthe, par des tirs d’armes à feu et une explosion, sans faire de blessés.

Lire > Au lendemain de l’attentat à Charlie Hebdo, violences contre des lieux de culte musulmans

Isère Hier soir, Le Dauphiné libéré http://www.ledauphine.com/isere-nord/2015/01/08/minute-de-silence-un-lyceen-frappe, nous informait également qu’un lycéen de 17 ans d’origine maghrébine avait été insulté et roué de coups de pied et de poing par un groupe de quatre à cinq jeunes, en marge de la minute de recueillement observée jeudi matin au lycée de l’Oiselet à Bourgoin-Jallieu, lors de l’hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Cette agression lui a valu trois jours d’ITT ; plainte a été déposée pour violences aggravées.

Ces agressions surviennent alors que des dizaines de milliers de personnes de toutes confessions se sont de nouveau rassemblées jeudi en France, dans l’unité, pour rendre hommage aux victimes de la tuerie perpétrée mercredi au journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts et 11 blessés dont quatre graves. L’Observatoire de la laïcité auprès du Premier ministre a appelé « l’ensemble de la population, mais aussi de la classe politique et médiatique, à ne pas tomber (…) dans le piège politique tendu par ce terrorisme abject. Piège destiné à créer un fossé entre les Français musulmans et les autres citoyens » .

Société
Temps de lecture : 4 minutes

Pour aller plus loin…

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers
Racisme 17 octobre 2025 abonné·es

À Paris, un conducteur percute deux personnes lors d’une manifestation de sans-papiers

Vendredi 10 octobre, un homme en voiture a percuté des manifestants lors d’une mobilisation organisée par un collectif de sans-papiers à Paris. Deux hommes ont été blessés et ont porté plainte. Malgré leurs témoignages, la police a retenu l’infraction de « blessures involontaires ».
Par Pauline Migevant
À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas