Hommage à Tignous, élévations

Patrick Piro  • 16 janvier 2015 abonné·es
Hommage à Tignous, élévations
© Photo: CITIZENSIDE/PATRICE PIERROT / CITIZENSIDE.COM

Montreuil, sa ville d’adoption depuis plus de trente ans , a rendu hier à Tignous un hommage de grande qualité à celui qui lui a beaucoup donné. « Titi », assassiné avec 11 autres personnes dans l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier, dessinait pour tout le monde, rappelle sa femme Chloé, aussi bien les grands médias que les petites associations locales qui le sollicitaient : « Il n’a jamais dit non à personne. » Sur le parvis de la mairie, où plusieurs centaines de personnes se serraient dans un silence lesté d’émotion, sous le crachin froid, les yeux rougis, la municipalité a prolongé l’exposition d’une série de croquis grand format de Tignous d’une grande sensibilité réalisés lors d’ateliers audiovisuels menés avec des lycéens de la ville.

La justesse de perception de ce « reporter à crayon » a été soulignée d’abondance par la ministre de la Justice Christiane Taubira, remarquable d’humanité et de justesse. Du caricaturiste acide et hilarant, cette « teigne » (traduction de son nom d’artiste catalan) qui avait son rond de serviette à Charlie Hebdo , on connaissait moins ce pan entier de son activité : chroniqueur judiciaire, dont le talent a été récompensé en 2009 par le prix France info pour son ouvrage de croquis réalisé avec Dominique Paganelli sur le procès Colonna.

Tignous était la crème des hommes , confie un dessinateur de presse montreuillois qui le connaissait bien. C’était aussi un bon amant, lâche Chloé devant le parterre d’oreilles amies. « T’avais jamais peur, mon Titi, rassure-toi nous non plus , lâche la voix hachée de Coco, la consœur du dessinateur que les frères Kouachi ont forcé à taper le code de l’immeuble de Charlie . Notre journal va vivre. » À l’avant du cercueil, tagué de toute part par les amis et collègues, s’affiche un gros « fragile », comme un condensé de l’incertitude qui pèse dans les têtes sur un avenir bouleversé.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

À Paris, devant la mairie du 18e, la santé dégradée des familles en attente d’un hébergement
Reportage 25 juillet 2024 abonné·es

À Paris, devant la mairie du 18e, la santé dégradée des familles en attente d’un hébergement

Depuis plusieurs jours, près de 300 personnes, en majorité des femmes et des enfants, campent devant la mairie du 18e arrondissement de la capitale pour demander un hébergement. Malgré un soutien associatif, la situation sur place est inquiétante.
Par Pauline Migevant
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
Valérie Damidot : « L’ennemi de la justice sociale, c’est le riche, pas le migrant »
Télé 24 juillet 2024 abonné·es

Valérie Damidot : « L’ennemi de la justice sociale, c’est le riche, pas le migrant »

Connue pour ses marouflages, moins pour ses engagements à gauche, l’emblématique animatrice de « D&CO » ne mâche pas ses mots contre les inégalités, les dérives d’Emmanuel Macron, l’éloignement des élus. Rencontre avec celle qui a fait le choix à la rentrée de revenir sur le service public.
Par Pauline Migevant
Thomas Verduzier, l’homme qui a failli devenir espion
Récit 22 juillet 2024 abonné·es

Thomas Verduzier, l’homme qui a failli devenir espion

Dans un récit publié fin mai aux éditions Anne Carrière, l’auteur propose une réflexion profonde sur la valeur de l’engagement et des idéaux. Entretien.
Par Tristan Dereuddre