« Nous faisons tout cela par nécessité »

[Archives] Le sociologue Markos Vogiatzoglou détaille les nouvelles expériences alternatives en Grèce.

Erwan Manac'h  et  Marie Chambrial  • 22 janvier 2015 abonné·es
« Nous faisons tout cela par nécessité »
© **Markos Vogiatzoglou** est sociologue, spécialiste des mouvements sociaux. Photo : L’autogestion, comme celle mise en place chez Vio Me, est l’une des solutions pour sortir du marasme. Chambrial / Manac’h Article paru dans le [Hors-série n°61 de Politis](http://www.politis.fr/HS-61-Biens-communs-Le-retour-des,28810.html) (novembre-décembre 2014).

L’idée de l’autogestion est-elle ancienne en Grèce ?

Markos Vogiatzoglou : L’autogestion existait déjà dans le mouvement anarchiste, mais de façon marginale. Après décembre 2008, l’idée s’est répandue, surtout au sein de la gauche, jusque-là très conservatrice. Auparavant, même à l’extrême gauche, ce type d’organisation était mal perçu.

La crise a deux aspects positifs parmi de très nombreux points négatifs. Avant, la solidarité venait de la famille très proche, maintenant elle vient du quartier et de la société. Et les gens s’intéressent plus à la vie sociale et politique.

Quelles formes prennent les alternatives inventées en Grèce ces dernières années ?

Nous pouvons distinguer plusieurs catégories de projets autogestionnaires. En premier, l’usine Vio Me et ERT, le réseau de télévisions et de radios publiques occupées. Le cas d’ERT est intéressant, car c’est une compagnie publique qui a démarré une autogestion. Ensuite, il y a le mouvement des « communs », qui est plus important et qui existait avant la crise : il vise la gestion de l’eau, de l’électricité ou même des plages. Il y a enfin l’idée de coopérative, relativement nouvelle en Grèce. Dans le passé, nous n’avions pas de cadres légaux pour des structures coopératives. Avec la crise, une loi a été mise en œuvre en 2011 et favorise désormais leur développement. C’était l’une des premières mesures de Georges Papandréou, alors Premier ministre.

Que révèlent ces expériences ?

Elles naissent par nécessité, pas seulement parce que nous le voulons. Par exemple, la clinique sociale de Petralona [un quartier d’Athènes, NDLR] a été créée en 2008, avant même le premier mémorandum de la troïka en 2009. Elle existe parce que les gens du quartier ont voulu gérer eux-mêmes un service administré par l’État dans un but qu’ils jugeaient lucratif. En 2009, les volontaires de Petralona disaient qu’ils faisaient ça pour les migrants. Aujourd’hui, tout le monde y va. Dans chaque quartier d’Athènes, il y a des pharmacies et des médecins, qui fonctionnent sur ce mode coopératif.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »
Entretien 1 décembre 2025 abonné·es

Extrême droite allemande : « Comme souvent, la colère retombe, on s’habitue »

Alors que l’AfD vient de refonder son organisation de jeunesse à Gießen, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bloqué la ville pour tenter d’empêcher la tenue du rassemblement. Pour la germaniste et historienne Valérie Dubslaff, cette séquence s’inscrit dans la continuité des grandes mobilisations de 2024.
Par Maxime Sirvins
En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite
Reportage 1 décembre 2025

En Allemagne, une mobilisation massive contre l’extrême droite

Près de 50 000 personnes venue de tout le pays se sont rassemblées ce week-end à Gießen pour empêcher le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) de reformer sa faction jeune, auto-dissoute huit mois plus tôt.
Par Camille Tribout
À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations
Monde 28 novembre 2025 abonné·es

À Valence, l’extrême droite Vox surfe sur les inondations

Un an après la crue meurtrière d’octobre 2024, les habitants de Paiporta sont amers de la gestion de la tragédie par les autorités qui a dévasté la ville. Le parti d’extrême droite Vox a su tirer parti de ce désarroi.
Par Pablo Castaño
En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal
Reportage 26 novembre 2025

En Guyane, le mastodonte logistique de l’orpaillage illégal

Près de 80 % des activités liées à l’extraction illicite de l’or en Guyane se concentrent sur le Haut-Maroni. Depuis la rive surinamienne, les garimpeiros – orpailleurs clandestins – ont édifié un système bien huilé pour exploiter le sol français.
Par Tristan Dereuddre