Valls et « l’apartheid territorial »

À en croire Manuel Valls, il existerait donc dans notre pays un « apartheid territorial, social, ethnique » . Des propos très durs prononcés par le Premier ministre lors de ses vœux à la presse, le 20 janvier.

Denis Sieffert  • 22 janvier 2015 abonné·es
Valls et « l’apartheid territorial »

« Apartheid » : le mot est lourd de tout son passé historique en Afrique du Sud, et qui évoque aussi pour beaucoup la situation actuelle en Israël. Pas sûr d’ailleurs que Manuel Valls use du même terme au sujet du conflit israélo-palestinien quand on connaît son engagement. Mais, en France ? Qu’a voulu dire au juste le Premier ministre ? A-t-il voulu une nouvelle fois stigmatiser les jeunes des cités ? Ou a-t-il voulu dénoncer les responsabilités politiques de ceux qui ont créé ce qu’il a également appelé des « ghettos » ? La formule reste mystérieuse. Si la deuxième interprétation est la bonne, il faut s’en féliciter. C’est le retour à une lecture sociale, et furieusement critique des politiques libérales. Seul problème, il est lui-même l’un des responsables de ces politiques. S’agit-il alors d’une prise de conscience qui annonce une volte-face ? Pas sûr, car tout, jusqu’ici, contredit cet étonnant discours de vœux.

En témoigne le budget, en restriction, pour la politique de la ville. En 2015, celui-ci est de 459 millions d’euros contre 525,9 millions en 2012. Notre incrédulité est donc totale. D’autant plus que ce n’est pas la première fois que Manuel Valls a recours à ce vocabulaire. C’était en 2009, sur la chaîne Direct 8 : « Ce qui a tué une partie de la République , avait-il déclaré, c’est évidemment la ghettoïsation, la ségrégation territoriale, sociale, ethnique, qui sont une réalité. Un véritable apartheid s’est construit, que les gens bien-pensants voient de temps en temps leur éclater à la figure, comme ça a été le cas en 2005, à l’occasion des émeutes de banlieues. » Sarkozy était au pouvoir, et le constat était sévère mais juste. Aujourd’hui, c’est Valls lui-même qui est au pouvoir…

Politique
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