Banques : Éviter une nouvelle crise

Plusieurs solutions permettraient d’en finir avec un système financier à la dérive.

Thierry Brun  • 26 février 2015 abonné·es

Comment mettre les banques au pas ? Plusieurs pistes sont présentées par les économistes, les ONG et les syndicats du secteur bancaire.

Mettre fin aux banques universelles.

« La mère des réformes, c’est la séparation bancaire », lance Dominique Plihon, qui préconise de séparer les activités de banque d’investissement de celles de banque de détail, lesquelles s’adressent aux particuliers pour la gestion de leur compte courant. S’inspirant du Glass-Steagall Act, mis en place aux États-Unis après la crise financière de 1929 et supprimé en 1999 sous l’administration Clinton, l’économiste réclame une loi de ce type en France et en Europe : « La banque de détail aura la garantie de l’État, et la Banque centrale pourra exercer sur elle une action de prêteur en dernier ressort. Ces établissements seront solides et destinés à prêter à l’économie réelle ». Les banques d’investissement, quant à elles, « ne bénéficieront plus de la garantie de l’État et du refinancement par la BCE, ce qui tuera une partie du business et évitera de socialiser les pertes. En cas de perte, ce sont les actionnaires qui trinqueront » .

Donner des moyens à la justice financière.

Juges financiers, avocats, policiers et douaniers, tous constatent qu’il est particulièrement difficile de poursuivre des banques en France. Les affaires HSBC, Cahuzac, Swiss Leaks et Offshore Leaks ont eu au moins le mérite de mettre au premier plan la question des moyens pour lutter contre la criminalité financière. Le rapport du député Alain Bocquet sur la lutte contre les paradis fiscaux, publié en octobre 2013, indique qu’il faut plus de moyens humains dans le contrôle fiscal externe, alors que le pays est régulièrement montré du doigt pour l’importance de la corruption financière qui s’y exerce. Le Syndicat de la magistrature réclame notamment le renforcement de l’arsenal pénal en matière de blanchiment et la mutualisation de l’action des services publics. Attac France exige que les banques communiquent l’identité de tous les ressortissants français détenteurs de comptes à l’étranger, qu’une liste crédible des paradis fiscaux soit établie et que l’on donne « douze mois aux banques opérant en France pour fermer leurs filiales dans ces territoires, sous menace de retrait de la licence bancaire » .

Rompre avec sa banque.

Plusieurs ONG, dont Les Amis de la Terre, proposent de changer de banque car certaines d’entre elles ne sont pas présentes dans les paradis fiscaux, ne paient pas de bonus extravagants, ne spéculent pas sur les marchés et investissent uniquement dans des projets d’économie sociale et solidaire, tels le Crédit coopératif et La Nef. Les Amis de la Terre ont lancé l’idée d’une journée française du changement de banque le 10 octobre.

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