Manifestation à Paris en réaction aux pressions de la BCE sur la Grèce

Charles Thiefaine  • 5 février 2015 abonné·es
Manifestation à Paris en réaction aux pressions de la BCE sur la Grèce
© Photo : Une manifestation de soutien à Syriza à Paris, le 24 janvier 2015. (CITIZENSIDE/VALENTINA CAMOZZA / citizenside.com)

Plusieurs formations, dont le PCF et le PG, et associations (Attac), regroupées au sein du collectif Avec les Grecs, appellent à un rassemblement ce soir à 18 h 30 à Paris, place du Palais-Royal[^2], contre la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de priver les banques grecques d’une de leurs sources de financement.

Communiqué du PCF. Face aux pressions de la BCE contre la Grèce, le PCF appelle au rassemblement

Hier soir, la BCE a décidé de changer le régime des garanties d’emprunt des banques grecques. Mario Draghi porte seul la responsabilité du krach bancaire qui a découlé de ce geste unilatéral de la BCE, sous pression d’Angela Merkel. La BCE révèle ainsi qu’elle n’est ni indépendante ni démocratique, et qu’il devient vital de la refonder dans l’intérêt de tous les peuples européens.

Cette décision n’a qu’une fonction : mettre la pression et essayer de semer la panique au moment les négociations entamées par Tsipras et Varoufakis s’élargissent et portent leur fruits, au moment où chacun est obligé de reconnaître la bonne volonté, les efforts et l’intégrité du gouvernement grec, ainsi que la crédibilité et le caractère réaliste de son programme.

Ce que demande le gouvernement grec, c’est un peu de temps pour laisser respirer le pays après des années d’austérité et le respect du mandat que le peuple lui a confié, c’est-à-dire la négociation d’un nouveau plan pour la Grèce, différent de celui imposé par la troïka. Mandat que l’opinion grecque continue de supporter très majoritairement. La France doit soutenir cette démarche.

Le PCF appelle à un rassemblement unitaire dès ce soir à 18 h 30 devant la Banque de France (place des Victoires, Ie/IIe arrondissements) pour le respect du vote des Grecs et pour que la France se positionne clairement aux côtés de la Grèce dans les prochaines échéances.

En France, les réactions aux déclarations de la BCE ont été nombreuses à gauche.

Lire > Le coup d’État financier de la BCE contre la Grèce

Pour Attac, il s’agit d’une attaque « inacceptable » et « illégitime » .

Communiqué d’Attac. Le coup de force inadmissible et irresponsable de la BCE contre la Grèce

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi 4 février qu’elle arrêtait les opérations normales de refinancement des banques grecques. Pour retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques ne pourront plus donner comme garantie des obligations d’État de leur pays. Les banques grecques se voient retirer leur principale source de financement à la BCE.

Attac condamne fermement cette décision de la BCE.

Cette décision est inacceptable car la BCE a outrepassé son mandat. Celle-ci a suspendu le financement des banques grecques sur la simple « présomption » (selon son communiqué) qu’aucun accord ne pourrait être trouvé avec le nouveau gouvernement grec concernant la restructuration de la dette. Comment la BCE, institution qui n’a aucune légitimité démocratique, peut-elle prendre une décision aussi politique alors que les négociations ne font que commencer ?

Cette décision est illégitime, car la BCE s’oppose à l’application du programme politique qui résulte du choix des électeurs grecs. Une fois de plus, la BCE se fait le défenseur des créanciers de la Grèce pour imposer la poursuite d’un programme d’ajustement qui a ruiné le peuple grec et s’est traduit par une hausse de la dette du pays.

La décision de la BCE est irresponsable car elle pourrait engendrer une panique bancaire dont les conséquences pourraient être catastrophiques pour la Grèce et la zone euro dans son ensemble !

Attac demande que la BCE suspende sa décision, et que les propositions du nouveau gouvernement grec soient entendues et appliquées. Seule est acceptable une restructuration rapide de la dette grecque, incluant une remise de dette. Le pouvoir exorbitant de la troïka et des créanciers doit cesser !

Jean-Luc Mélenchon a également réagi dans un communiqué, jeudi matin : « La décision de la BCE à l’encontre de la Grèce entraîne l’Europe dans une direction autoritaire inouïe et l’Euro vers une crise majeure » , a-t-il affirmé. La figure de proue du Parti de gauche et député européen a, en conséquence, appelé François Hollande à « organiser à Paris un sommet européen pour régler, avec la Grèce, le problème que pose l’austérité sans fin imposée par la troïka » .

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon. Grèce : refuser le coup d’État financier de la BCE

La décision de la BCE (Banque centrale européenne) à l’encontre de la Grèce entraine l’Europe dans une direction autoritaire inouïe et l’Euro vers une crise majeure. Couper les liquidités d’un pays a déjà été fait contre Chypre. Ce pays avait été mis à genoux par la violence d’un procédé qui s’identifiait comme un acte de guerre. A présent, c’est sur la base d’une «présomption» de blocage de la discussion, appréciation politique qui n’est pas dans ses statuts, que la BCE menace le système bancaire grec d’effondrement.

Cette décision et la sinistre déclaration de Junker selon laquelle «Il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens» est donc proclamée une théorie de la souveraineté limitée des peuples européens. Ce jour est donc un jour sombre dans l’histoire de l’Union européenne !
Notre solidarité avec le nouveau gouvernement grec qui veut respecter son mandat doit être très active.

Je demande au président de la République François Hollande de s’opposer à la décision de la BCE et d’organiser à Paris un sommet européen pour régler, avec la Grèce, le problème que pose l’austérité sans fin imposée par la Troïka. J’ai demandé à être reçu par lui à ce sujet.

Je propose qu’une initiative de mobilisation dans la rue soit prise. Je crois qu’il ne faut pas tarder à proposer au peuple français d’exprimer sa solidarité avec les Grecs et de défendre sa propre indépendance avant qu’elle soit à son tour mise en cause frontalement comme l’est celle de la Grèce.

De son côté, le NPA a sévèrement critiqué la position de François Hollande dans cette affaire.

Lire > Grèce : Hollande cautionne le chantage de la BCE

« Le gouvernement français doit cesser d’exiger le remboursement de la dette grecque » , ont déclaré les responsables du parti anticapitaliste dans un communiqué.

Communiqué du NPA. Le peuple grec ne doit rien ni à l’État français ni à la BCE

En décidant d’augmenter le taux et les garanties exigées de la Grèce, la Banque centrale européenne tente un coup de force contre le peuple grec et veut lui imposer la poursuite des politiques d’austérité qu’il a massivement rejetées.

Les 315 milliards de la «dette» grecque, dont les 40 milliards donnés par la France aux fonds européens, ont essentiellement servi aux banques d’Europe de l’Ouest, avec à leur tête les banques françaises, pour se rembourser des prêts consentis dans la dernière décennie, avec la bénédiction de la Banque centrale. Auparavant, c’étaient les contrats de ventes d’armes et des JO d’Athènes qui avaient profité aux principaux groupes capitalistes européens.

Cette «dette» n’a évidemment jamais profité au peuple grec, qui n’a aucune raison de la rembourser. Ce sont au contraire les groupes capitalistes européens qui ont extorqué ainsi des milliards.

Le gouvernement français doit cesser d’exiger le remboursement de la dette grecque.

L’annulation totale de la dette grecque, ou même partielle comme le demande aujourd’hui le gouvernement grec, ne doit pas être payée par les contribuables français qui devraient «supporter» 700 euros comme le prétendent en chœur de nombreux dirigeants politiques du PS, de l’UMP ou du FN. C’est aux banques et aux financiers de payer la dette dont ils ont été et sont les principaux bénéficiaires.

Cela, il faudra l’intervention des travailleurs et des peuples pour l’imposer.

La crainte de tous les capitalistes européens et des partis qui les soutiennent est évidemment que l’exemple grec fasse tache d’huile et que les classes populaires de tous les pays d’Europe cessent de payer pour accroître les profits des banques et du patronat. Nous exprimons notre solidarité totale avec le peuple grec face aux capitalistes européens et ferons tout pour accroître les craintes de ces derniers.

Pour le NPA, la prochaine réunion de l’Eurogroupe, consacrée à la Grèce, devra être l’occasion d’une mobilisation européenne en soutien au peuple grec et pour l’annulation de la dette.

Des réactions véhémentes, qui viennent autant répondre à la décision de la BCE qu’aux déclarations de Jean-Claude Juncker, le 29 janvier. Dans un entretien au Figaro, le président de la commission européenne avait ainsi affirmé : « Il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités européens. »

Lire > Juncker dit « non » à la Grèce et menace la France

[^2]: Initialement le PCF avait donné rendez-vous place des Victoires, ce lieu a été changé à la mi-journée.

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