Choisir sa fin de vie ?

Si les avis sont partagés sur le droit à mourir dans la dignité, une majorité de collégiens y sont favorables.

Zachary Mazaud  • 26 mars 2015 abonné·es

Le mercredi 21 janvier, le débat sur la fin de vie a été remis à l’ordre du jour par le Premier ministre, Manuel Valls, qui défend « le droit de mourir dans la dignité ». J’ai voulu mener une enquête au collège pour connaître l’opinion des adolescents sur un sujet d’adultes qui ne les intéresse guère en apparence. Certaines réactions recueillies ont été dictées par la religion, mais beaucoup ont parlé au nom de leur humanité d’abord. Ceux qui sont pour le droit de choisir sa mort avancent la plupart du temps des phrases du genre : « C’est mieux de mourir que de vivre en souffrant » ou « si c’est la volonté du patient, alors oui, pour éviter qu’il souffre ». Les collégiens sont majoritairement favorables à ce droit, car c’est un geste humain qui évite de s’acharner thérapeutiquement sur les patients. Ce droit est pour eux très important, car chacun devrait pouvoir choisir comment vivre et mourir.

Ceux qui sont contre m’ont dit qu’il s’agissait d’un suicide d’après leur religion, et que, comme Dieu crée la vie, seul lui a le droit de la reprendre. J’ai donc fait une recherche sur les visions de trois religions. Pour le christianisme, j’ai trouvé un texte de l’ancien pape, Benoît XVI : « Toute personne, quel que soit son âge, son état de fatigue, son handicap ou sa maladie, n’en garde pas moins sa dignité. Pour cette raison, l’euthanasie est une fausse solution au drame de la souffrance, une solution indigne de l’homme. » Du côté des musulmans, voici un passage du Coran : « Nous avons prescrit pour les Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la Terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes » (Sourate V, verset 32). Il y est clairement dit qu’on ne peut pas tuer une personne innocente. Enfin, chez les bouddhistes, le suicide n’est pas considéré comme un meurtre mais comme une mauvaise réincarnation. Pour eux, la dernière pensée d’un mourant a une répercussion sur son karma et donc sa réincarnation, il vaut donc mieux éviter l’euthanasie. Enfin, je me suis penché sur la loi Leonetti de 2005 contre l’acharnement thérapeutique. Avec cette loi, le patient peut, s’il est atteint d’une maladie incurable et que sa souffrance est trop importante, décider avec l’accord du médecin de mourir en toute dignité. Reste à savoir où commence cette dignité…

Zachary Mazaud , élève de 4e

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