Israël: Le centre gauche passe en tête dans les sondages

La coalition sioniste pourrait remporter les législatives du 17 mars sans être en mesure de former un gouvernement.

Ayman Khadre  • 13 mars 2015 abonné·es
Israël: Le centre gauche passe en tête dans les sondages
© Photo: GILI YAARI / NURPHOTO

Un récent sondage , publié le 10 mars par la chaine de la Knesset (parlement israélien), donne la liste de centre gauche du Travailliste Itzhak Herzog et de sa colistière Tzipi Livni (photo) vainqueur des prochaines élections avec 24 sièges. Le camp sioniste (c’est son nom) devancerait le Likoud du premier ministre Benyamin Netanyahou crédité de 21 sièges. Selon la même enquête d’opinion, le parti centriste Yesh Atid pourrait être la « troisième force ». Après un début de campagne difficile, le parti de Yaïr Lapid, ex-ministre de l’Economie révoqué par Netanyahou en décembre dernier, a effectué une remontée spectaculaire dans les sondages et gagnerait 14 mandats aux prochaines élections, se plaçant ainsi en outsider.

Bien que l’alliance sioniste soit en tête des sondages, il ne faut pas oublier la spécificité du système électoral qui donne l’avantage à la coalition la plus large et non au partis recueillant le plus de sièges. Un total d’au moins 61 députés est nécessaire pour obtenir la majorité parlementaire. Si bien que, même en cas de victoire du tandem Herzog-Livni, Netanyahou, soutenu par les partis religieux, pourrait se voir confier la tâche de former le prochain gouvernement. Il réitérerait ainsi le scénario de 2013 où Livni, bien que sortie vainqueur des urnes, c’était le chef du Likoud qui était devenu premier ministre. Pour cela, Netanyahou aura besoin de l’appui du parti Koulanou, de Moshe Kahlon, et d’Israël Beitenou de l’actuel ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, l’homme qui vient de déclarer que « les Arabes israéliens qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache »

Mais le président israélien, Reuven Rivlin , aurait laissé entendre, lors d’une rencontre avec des citoyens en visite à sa résidence, qu’il pourrait demander à Herzog et à Netanyahou de former un gouvernement d’Union nationale pour s’atteler à la réforme du système électoral qui favorise les coalitions instables formées avec l’aide des petites formations, ce qui suscite sa crainte de voir Israël se « transformer en Italie » , en référence à son instabilité politique endémique.

Cette hypothèse déboucherait sur une situation sans précédent de binationalisme au sein de la Knesset puisque la liste arabe, qui recueillerait 13 sièges selon le même sondage, prendrait alors la tête de l’opposition parlementaire. Le statut de leader d’opposition, reconnu par la loi constitutionnelle israélienne, confère entre autres le droit de présider certaines commissions parlementaires clés. Ce qui serait une première en Israël.

Lire > Eyal Sivan : « Israël est déjà confronté au binationalisme »

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier