L’esprit de Django

Romain Vuillemin Quartet lance son premier album, *Swinging in Paris.* Un brin old school.

Ingrid Merckx  • 9 avril 2015 abonné·es
L’esprit de Django
**Swinging in Paris** , Romain Vuillemin Quartet + Sylvain Hamel. En concert au Sunset, à Paris, le 15 avril. Photo : DR Commandes de CD : romain.vuillemin@gmail.com Teaser [VIDEO](https://www.youtube.com/watch?v=dZQJeFwijYY)

Quatre garçons dans le vent jouant à l’ancienne… Paradoxe ? La petite famille du jazz manouche, qui doit compter une centaine de musiciens, dont 90 % à Paris, se sépare en plusieurs branches. Sur le site participatif KissKissBankBank, qui leur a permis de financer leur premier album, Swinging in Paris, les trentenaires du Romain Vuillemin Quartet se réclament de l’alsacienne plus que de la parisienne. Les deux écoles citeraient Tchavolo Schmitt et Biréli Lagrène comme références. Tous des fils de Django… Mais l’école parisienne s’inspire davantage d’un Biréli post Gipsy Project, son album sorti en 2001, pour ouvrir un courant sonnant plus « manouche que Django »,« jouer du jazz manouche consiste en un concours de virtuosité : des avalanches de notes à des tempos infernaux, explique le guitariste Romain Vuillemin, qui, lui, s’est plutôt construit contre cette tendance. C’est impressionnant et très populaire. Mais cette épreuve de force ne permet pas de faire entendre toute la complexité harmonique de Django. Il jouait des morceaux courts à des tempos médium… On a essayé de retrouver cet esprit, une forme de simplicité pour plus de musicalité ». Soit onze titres joués par Django Reinhardt, dont deux qu’il a composés, plus un des années 1920 interprété par Lucienne Boyer, « que Django aurait pu jouer », et une composition de Romain Vuillemin, « Renouveau ». Pour ces quatre habitués du festival de Samois-sur-Seine, La Mecque du genre, des improvisations à la guitare et au violon (Guillaume Singer), resserrées sur quelques grilles et accompagnées par une guitare rythmique (Stephan N’Guyen), une contrebasse (Jérémy Arranger) et une clarinette (Sylvain Hamel) sur un titre. Tous réputés pour leur son proche du Hot Club.

Mais comment transposer le Hot Club en 2015 ? Pourquoi jouer old school peut-il sembler à contre-courant ? Que diraient d’autres figures du style, comme Stochelo Rosenberg ou Fapy Lafertin, sur les perspectives d’innovation ? Il y a du Grappelli dans le phrasé de Guillaume Singer, jusque dans ce plané aigu à la fin de son chorus sur « Joseph Joseph », un des morceaux les plus éloquents. Le quartet a choisi des standards qui ne sont pas les plus joués, a tenté des variations de tempo (« Tea for Two », « Body and Soul ») et manifeste maîtrise et amour pour cette musique. Mais, passé l’hommage, ce qu’on attendait de Swinging in Paris, c’est une prise de risque. Elle aurait pu venir si les musiciens avaient laissé s’exprimer davantage leur personnalité ou un grain de folie. À voir sur scène.

Musique
Temps de lecture : 2 minutes