Disparition : Claude Durand
Cette grande figure de l’édition a tiré sa révérence le jeudi 7 mai, à l’âge de 76 ans.
dans l’hebdo N° 1353 Acheter ce numéro
Grande figure de l’édition, c’est peu dire. Claude Durand a tiré sa révérence le jeudi 7 mai, à l’âge de 76 ans. D’abord lecteur de manuscrits, éditeur au Seuil sous la houlette de Jean Cayrol, c’est lui qui traduit avec sa femme, Carmen, et publie en 1968 Cent Ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez. En 1974, c’est aussi lui qui édite l’Archipel du goulag, de Soljenitsyne. À la fin des années 1970, écarté du Seuil, il entre chez Grasset, chez qui il publie son roman, la Nuit zoologique, couronné du prix Médicis. En 1980, il prend la direction de Fayard (filiale d’Hachette, comme Grasset). Il y reste près de trente ans, jusqu’en 2009. Complexe, tantôt ironique, tantôt d’un optimisme désabusé, il y fera quelques coups pendables, comme la publication d’un ouvrage à charge contre le Monde, de Péan et Cohen, un autre sur le passé de Mitterrand, de Péan à nouveau, Une jeunesse française, ou chipant à Flammarion Michel Houellebecq pour un million d’euros. Il n’hésitera pas non plus à éditer le journal de Renaud Camus, où celui-ci dénonçait le trop grand nombre de juifs participant à une émission de France Culture. Ce sont aussi des publications à succès, comme celles d’Attali, de Madeleine Chapsal ou de Régine Desforges, qui lui permettent de publier les œuvres complètes d’Ismail Kadaré, les romans de Paul Pavlowitch, de Philippe Bordas ou de Thierry Illouz, ou de défricher de grands territoires de la littérature du monde entier. Issu d’un milieu modeste, Claude Durand avait d’abord été instituteur. L’œil aux aguets, il avait gardé de ce premier métier la manie de la ponctuation, un goût pour la virgule, les deux points et les guillemets. Avec sa disparition, c’est un monde qui s’éteint.
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