RDC : Crime organisé contre les éléphants

Un rapport des Nations unies alerte sur l’aggravation du trafic d’ivoire en République démocratique du Congo.

Claude-Marie Vadrot  • 7 mai 2015 abonné·es
RDC : Crime organisé contre les éléphants
© Photo : Biosphoto / Minden Pictures / Pete Oxford / AFP

La saisie le 27 avril, en Thaïlande, de 3 tonnes d’ivoire en provenance du Kenya, dissimulées dans une cargaison de thé, confirme les données alarmantes du rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) publié fin avril.

Émanant de la division « post-conflit » de l’organisation, qui a pour fonction d’étudier l’état de l’environnement dans les pays ou les zones touchés par des conflits armés, ce rapport insiste sur le « crime organisé et le commerce des ressources naturelles, qui augmente dans la partie orientale de la République démocratique du Congo (RDC)  », en dépit de la présence de la Monusco, la mission de maintien de paix de l’ONU, qui déploie 20 000 soldats dans cette région. Le 20 avril, 4 tonnes d’ivoire en provenance de RDC ont d’ailleurs été interceptées au port de Bangkok. Les experts qui se sont rendus sur place estiment à plus d’un milliard d’euros par an le trafic des produits de la nature dans cette région. En dehors d’un peu d’or et de minerais rares, ce sont essentiellement du bois précieux, de l’ivoire, des trophées, de la corne de rhinocéros, des animaux vivants pour zoos privés et des oiseaux exotiques qui sont exportés illégalement. Les auteurs du rapport n’utilisent pas pour rien l’expression de « crime organisé »  : si ce pillage est perpétré sur place par environ vingt-cinq bandes armées issues de différentes guérillas locales, l’exportation des marchandises « est prise en charge par un réseau transnational de trafiquants ayant des ramifications dans de nombreux pays ». « Il ne fait aucun doute, poursuivent les experts, que le trafic du bois et de la vie sauvage est de plus en plus grave, qu’il exige des réponses sérieuses et qu’il est nécessaire de renforcer la législation internationale et la prise de conscience du public pour interrompre la chaîne de ce pillage ». Le rapport souligne ensuite que les bandes locales ne bénéficient pas de plus de 2 % des profits réalisés !

Les soldats de l’armée congolaise présents dans la région et des militaires des Nations unies sont-ils complices, voire acteurs, de ce pillage permanent ? Le rapport ne le précise évidemment pas. Toujours est-il que 65 % des espèces protégées de la région ont disparu et que 25 000 à 30 000 éléphants sont tués chaque année en Afrique pour leurs défenses, qui franchissent ensuite de nombreuses frontières en raison du laxisme des contrôles.

Écologie
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