Calais : opération d’urgence des ONG pour aider les migrants

Le gouvernement tardant à mettre en œuvre ses promesses, elles ont déployé des moyens logistiques habituellement réservés aux situations de guerre ou de catastrophe

Vanina Delmas  • 30 juin 2015 abonné·es
Calais : opération d’urgence des ONG pour aider les migrants
© Photo: JEFF J MITCHELL / GETTY IMAGES EUROPE / GETTY IMAGES/AFP

Face à la passivité des pouvoirs publics et pour venir en aide aux acteurs locaux dépassés par la situation, quatre ONG ont lancé une opération d’urgence ce matin à Calais. Depuis fin mars, 3 000 migrants sont contraints de vivre sur un terrain municipal, à proximité du centre Jules-Ferry, mais dépourvu de tout équipement. Pourtant, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et la ministre du Logement, Sylvia Pinel, avaient annoncé « une humanisation » de la « jungle de Calais »  : « un aménagement renforcé, avec un système d’éclairage, point d’accès à l’eau, des sanitaires, des tentes et des structures modulaires » . Mais les choses tardent trop à se mettre en place.

« La dégradation de la situation a accru les tensions et la vulnérabilité des personnes. Face à cette situation exceptionnelle, nos quatre ONG humanitaires d’urgence n’ont eu d’autre choix que de mettre en œuvre leurs compétences et leurs moyens logistiques habituellement réservés aux situations de guerre ou de catastrophe » , ont déclaré Médecins du Monde, le Secours catholique, le Secours islamique et Solidarités international dans leur communiqué commun.

C’est d’ailleurs la première fois que Solidarités internationales, spécialiste des situations de crise, intervient en France. « Face à l’urgence des besoins que nous avons constatés sur place, nous n’avions d’autre choix que d’intervenir, déclare Thierry Benlahsen, responsable de l’équipe d’urgence de Solidarités International. Nous ne nous attendions pas du tout à rencontrer une situation aussi dramatique en France. »

Médecins du Monde a décidé de déployer des cliniques mobiles et de mettre en place des soutiens psychlogiques, le Secours islamique distribuera 3 000 colis alimentaires et le Secours catholique Caritas France a envoyé une équipe pour construire des abris et des cuisines collectives. Enfin, Solidarités international veut construire des blocs sanitaires et distribuer des kits hygiène à tous les exilés. Aujourd’hui, le campement ne possède que 13 robinets, 50 douches et 26 toilettes pour 3 000 personnes alors que les normes internationales exigent au minimum une toilette pour 50 personnes et 15 litres d’eau par personne et par jour.

L’aide humanitaire d’urgence s’accompagne de revendications de fond : les ONG demandent aux pouvoirs publics une sortie immédiate de la logique de campement. « Le démantèlement du bidonville doit être préparé pour aller vers une véritable mise à l’abri de tous, en créant des centres d’hébergement à taille raisonnable, répartis sur plusieurs lieux et régions sur le territoire national » , prônent-elles. Au début du mois de juin, plusieurs bénévoles du Nord-Pas-de-Calais menaçaient d’arrêter leur accompagnement pour manifester leur ras-le-bol et laisser l’État seul face à cette impasse.

Temps de lecture : 3 minutes