Gauche du PS : un pas vers la sortie ?
Minoritaire, l’aile gauche du Parti socialiste entend se déployer à l’extérieur du parti pour « résister à la pente libérale » prise par son parti.

Passer du « courant » au « mouvement ». La gauche du PS, sortie vaincue du congrès de Poitiers, entend désormais tenter d’établir des alliances avec ses partenaires de gauche pour créer un nouveau « mouvement » . Il faut « constituer un mouvement qui va bien au-delà du périmètre socialiste » afin de « résister à la pente libérale » prise par le PS, a martelé, hier à Poitiers, le député de l’aile gauche Benoît Hamon, lors d’une Assemblée générale où s’étaient réunis quelque 300 signataires de la motion B. Reconnaissant franchement « qu’une majorité de socialistes a dit »oui » à la poursuite d’une politique sociale libérale » , l’élu de Trappes a estimé : « S’il faut en passer pour un moment par un pied dedans, un pied dehors, il faut le faire » . Les partenaires pressentis pour former ce nouveau mouvement ? « EELV et le Parti communiste » , a-t-il précisé.
Peu à peu, cette doctrine du « un pied dedans, un pied dehors » fait son chemin à la gauche du PS, comme une réponse à l’impasse dans laquelle elle se trouve. Ou comme un contre-feu à des envies de départ.
L’ancien eurodéputé Liêm Hoang-Ngoc a publié hier une tribune pour enjoindre les frondeurs à construire une « alternative attractive » à gauche.Lire > Le socialiste Liêm Hoang-Ngoc appelle les frondeurs à sortir du PS
Retenu à Paris, le député Pouria Amirshahi a lui aussi envoyé une « lettre » aux militants de la motion B, où il appelle à « la mise en perspective d’un grand mouvement citoyen d’un type nouveau » .Lire > Amirshahi pour un dialogue de toutes les gauches
Un ton en dessous , Christian Paul, le chef de file de la motion B, qui est intervenu en séance plénière samedi matin, juste avant Manuel Valls, a jugé que « l’unité [des socialistes] n’est pas en danger » ; il a d’ailleurs appelé ces derniers à « faire naître la prochaine gauche » en remettant notamment « les citoyens dans le circuit » , sous peine d’être bientôt ringardisé par Podemos.
Incantations
Malgré ce discours officiel modéré beaucoup de « frondeurs » assurent en off qu’un changement de politique relèverait désormais du « miracle » . Mais pas question pour autant de quitter le PS. Ou plus exactement, de le laisser à Manuel Valls, qui entend le transformer en parti ouvertement social-libéral. « Valls aura un boulevard pour parfaire son OPA sur le PS si Hollande perd en 2017 » , prédit un représentant de l’aile gauche.
C’est qu’au PS, qui a perdu près de la moitié de ses militants depuis le congrès de Reims (2008), dont 40.000 depuis 2012, domine une ambiance de fin de règne. « Autant j’ai trouvé que les résultats de la motion B étaient bons, autant je suis très inquiet de l’état du parti, du manque de mobilisation des militants » , estimait vendredi soir le député de Paris, Pascal Cherki.
L’appel à un mouvement à cheval entre le PS et au dehors n’est pas nouveau , mais il n’a peut-être jamais été si clair au PS. « Pourquoi pas un mouvement, mais il ne faut pas recommencer les erreurs habituelles en faisant des courants et des courants » , grince toutefois un militant présent à l’AG de la motion B. Manière de dire que les incantations ont vécu.
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