Hôpital : Une saine colère

Le plan de « reconquête du temps perdu » de l’AP-HP irrite les praticiens.

Ingrid Merckx  • 3 juin 2015 abonné·es

Les 35 heures à l’hôpital. Un casse-tête d’autant plus grand que le contrat de départ n’a pas été respecté : 32 000 postes non médicaux ont été pourvus sur 37 000 et 3 500 postes médicaux sur 5 000. Résultat : l’hôpital est devenu une poudrière où les RTT s’accumulent en jours de repos non pris et en salaires non payés. En particulier à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui, avec ses 38 établissements, fait figure de cheval de Troie dans ce dossier. Son déficit a été ramené à moins de 50 millions d’euros en 2014, se félicite son directeur, Martin Hirsch, qui prévoit un retour à l’équilibre en 2016.

La négociation sur les 35 heures fait partie du plan. « Ce n’est pas la fin des 35 heures, c’est les 35 heures organisées autrement », a-t-il défendu en ouvrant les négociations. Sauf que le plan de maîtrise des dépenses voté au Parlement lui impose de renoncer à des milliers d’emplois. Attachés aux RTT qui leur permettent de récupérer de leurs conditions de travail difficiles, les praticiens de l’AP-HP ont fait grève les 21 et 28 mai et ont lancé un nouvel appel pour le 11 juin. Pour l’heure, Martin Hirsch propose d’économiser 20 à 25 millions par an en entraînant l’AP-HP dans « une reconquête du temps perdu »  : passage de la journée officielle de 7 h 36 à 7 h 30 ou 7 heures, limitation de la progression de la masse salariale, réorganisation des services et des crèches des hôpitaux… Réduire les récupérations, c’est « demander au personnel de travailler plus en gagnant autant », tance le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) pour qui il y aurait plutôt des économies à faire « sur les activités non justifiées, les doublons inutiles, les coûts abusifs des nouveaux médicaments et dispositifs médicaux, ou l’inflation des coûts de gestion ». En marche vers une grève nationale ?

Santé
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