Pour Atena Farghadani (« À flux détendu »)

La jeune artiste iranienne de 28 ans vient d’être condamnée à 12 ans et 9 mois de prison par la justice de son pays.

Christophe Kantcheff  • 10 juin 2015
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Pour Atena Farghadani (« À flux détendu »)

« Je suis Atena Farghadani. » Voilà le slogan que j’espère voir fleurir dans les rues de Paris et de partout en France, du nom de la jeune artiste iranienne de 28 ans qui vient d’être condamnée à 12 ans et 9 mois de prison par la justice de son pays. Son crime ? Avoir dessiné et publié sur Facebook une caricature représentant des parlementaires iraniens sous les traits d’animaux, pour dénoncer le plan qu’ils ont adopté de restriction de l’accès à la contraception et aux services de planification familiale. On reproche aussi à Atena Farghadani d’entretenir des relations avec des familles de personnes tuées en 2009 lors des manifestations contestant la régularité de l’élection présidentielle. La jeune artiste a donc été condamnée pour « rassemblement et collusion en vue de nuire à la sûreté de l’État », « insultes envers les membres du Parlement par le biais de peintures », « outrage au guide suprême » et pour d’autres motifs tout aussi délirants, la liste complète des chefs d’accusation étant donnée par Amnesty International, qui informe sur son cas. Emprisonnée entre le 23 août et le 6 novembre 2014, puis depuis le 10 janvier 2015, Atena Farghadani a subi des interrogatoires de 9 heures pendant un mois et demi, et a été mise plusieurs fois à l’isolement. Pendant tout le temps de sa première détention, elle n’a pu entrer en relation avec sa famille et son avocat. Elle a été l’objet de mauvais traitements, qu’elle a dénoncés dans une vidéo dès sa sortie de prison en décembre 2014. Ce qui lui a valu d’être de nouveau incarcérée. À deux reprises, elle s’est lancée dans une grève de la faim, dont l’une a nécessité son transfert à l’hôpital. Atena Farghadani est une artiste et une femme engagée, qui symbolise la jeunesse et la soif de liberté en Iran. Elle a un courage grand comme ça. Qu’attend-on pour crier en nombre dans les rues : « Je suis Atena Farghadani ! » ?

Culture
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