Vous avez dit écoutes ?…

… mais comme c’est surprenant !

Bernard Langlois  • 24 juin 2015
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Le mérite de ces nouvelles révélations sur les écoutes téléphoniques de nos grands amis étasuniens (qui ne surprendront que ceux qui veulent bien être surpris) est qu’elles mettent les zélateurs de l’Empire (et Dieu sait qu’ils sont nombreux!) le nez dans leur caca.

Pour ceux-là, qui sévissent jusque dans ce journal ou son environnement proche, l’impérialisme US est « une vieille lune » et ceux qui, comme votre serviteur, s’obstinent à le dénoncer, « des gauchistes attardés » .

Le seul danger, pour ces êtres lucides et modernes (ou « post-modernes » , c’est plus chic), omniprésents dans les médias, la seule menace pour la paix de notre bonne vieille planète, heureusement débarrassée de ses illusions égalitaires du siècle passé et convertie aux vertus de la démocratie des banques et à la douce loi du marché, le seul

Illustration - Vous avez dit écoutes ?…

loup-garou qui subsiste s’appelle Vladimir Vladimirovitch Poutine (Влади́мир Влади́мирович Пу́тин), né le 7 octobre 1962 à Léningrad, [^2] dont il fut maire, avant de devenir président de toutes les Russies.

Et quand on dit « toutes les Russies » , on pense bien-sûr — au-delà de l’officielle Fédération et de sa kyrielle d’Etats plus ou moins autonomes —, à cette Ukraine qui en fut le berceau historique, aujourd’hui en proie aux déchirements qu’on sait.

Pour avoir repris possession d’une Crimée, bien légèrement octroyée naguère à Kiev par Khrouchtchev, et par ailleurs seul débouché russe sur les mers du sud, pour avoir marqué son soutien, y compris militaire, aux populations russophones d’une Ukraine dont la classe dirigeante putschiste louche vers l’Occident (et son bras armé l’OTAN), Poutine est devenu, sous les plumes inféodées à Washington (quasiment toute la presse française) une sorte de démon, une réincarnation de Gengis Kan, Staline et Hitler réunis.

On se refuse à voir ce qui crève les yeux : la politique d’encerclement de la Russie que mènent, à grands coups de révolutions plus ou moins veloutées et largement financées et manipulées par la CIA, avec une grande constance, des Etats-Unis d’Amérique d’autant plus teigneux qu’ils se vivent en déclin.

Alors, Poutine n’est certes pas un saint. Même pas un démocrate, même s’il se soumet au suffrage et respecte sa constitution. Il peut être excessivement brutal comme peut l’être l’ex-flic du KGB qu’il fut et ne répugner à aucun crime.

Mais il a redressé un immense pays ramassé dans le ruisseau où l’avaient abandonné l’ivrogne Eltsine et ses ribambelles de ploutocrates apatrides.

Il aime le pouvoir, certes, et fera ce qu’il faut pour le conserver; mais surtout il aime la Russie. Et le peuple russe, qui le sent, l’appuie et lui en sait gré.

Et ça, plus que tout, ça vous défrise, hein ! Vous tous qui, comme les deux derniers présidents français (l’actuel peut-être plus encore que le précédent) avez pour Washington, et quoi qu’on puisse encore apprendre sur ses turpitudes, les yeux énamourés d’un Rodrigue pour sa Chimène, d’un valet pour son maître, d’un toutou pour sa mémère.

La soupe est bonne, au moins, les caniches ?

[^2]: la ville- magnifique— fondée par Pierre-le-Grand sous le nom de Saint-Pétersbourg, qu’elle reprit en 1991.

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