Boris Vian : Le roman noir de Vernon Sullivan
Il y a soixante-cinq ans, les deux premiers romans de l’écrivain américain inventé par Boris Vian subissaient la censure. Récit d’une épopée entre canular, pastiche et réflexions sociologiques.
dans l’hebdo N° 1363-1365 Acheter ce numéro

En juin dernier, Rachel Dolezal, une militante antiraciste américaine, était publiquement reconnue comme blanche. Depuis dix ans, la jeune femme se faisait passer pour noire, allant jusqu’à modifier son apparence physique et à se créer une généalogie fictive. Au cœur de l’affaire, un cas de faux-semblant fréquent dans l’histoire des États-Unis, relevant de ce qu’on appelle là-bas le passing. Dans le contexte français, l’affaire Dolezal rappelle un autre épisode. Tout commence à l’été 1946. Boris Vian, son épouse Michelle Léglise et l’éditeur Jean d’Halluin font la queue devant un cinéma des Champs-Élysées. Pour d’Halluin, les affaires vont mal, et les éditions du Scorpion, qu’il dirige, ont besoin d’un bon coup de fouet. La France se passionne pour les romans policiers américains, et d’Halluin est à la recherche d’un livre à traduire. « Tu veux un best-seller ?, lui aurait alors rétorqué Boris Vian. Donne-moi dix jours et je t’en fabrique un. » Les Vian partent en vacances à Saint-Jean-de-Monts, en Vendée. Boris y rédigera J’irai cracher sur vos tombes .
Depuis longtemps, Vian est un adepte des pseudonymes. Cette fois-ci, il décide de signer de la plume d’un certain Vernon Sullivan, Vernon, du nom d’un de ses amis, Sullivan, en hommage au pianiste américain Joe Sullivan. L’auteur fictif est doté
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