Grèce : l’accord européen plombé par le FMI

Les dirigeants européens estiment qu’ils ont évité le Grexit alors que rien n’est prévu pour alléger la dette grecque, jugée « totalement non viable » par le FMI.

Thierry Brun  • 15 juillet 2015 abonné·es
Grèce : l’accord européen plombé par le FMI

Le document du Fonds monétaire international (FMI), publié le 14 juillet (voir ci-dessous) dans l’urgence après des fuites dans la presse, est un avertissement sévère adressé aux dirigeants européens. Il a pourtant été remis dès le 11 juillet, deux jours avant la conclusion d’un pré-accord avec la Grèce prévoyant un troisième plan d’aide de 82 à 86 milliards d’euros sur trois ans en échange de réformes drastiques.

Le diagnostic du FMI est sans appel : la dette grecque est « totalement non-viable » et devrait approcher les 200 % de son produit intérieur brut dans les deux prochaines années , contre un ratio d’environ 175 % actuellement. Or, l’accord arraché in extremis ne prévoit que des « mesures additionnelles » d’allègement de dette qui pourraient être envisagées si Athènes tient ses engagements.

Une réduction de la dette grecque, « hors de question »

Le FMI indique que « la dette de la Grèce ne peut désormais être viable qu’avec des mesures d’allègement de la dette qui vont beaucoup plus loin que ce que l’Europe a envisagé de faire jusque-là » .

Le Fonds soumet trois options aux Européens :
-* La première consisterait à étendre de 10 à 30 ans le « délai de grâce » pendant lequel la Grèce n’aurait pas à rembourser sa dette aux Européens.
-* La seconde, plus vague, résiderait dans des « transferts annuels » de fonds qui iraient directement alimenter le budget de la Grèce.
-* La troisième prévoit un « effacement de dette » pur et simple dont les Européens, Berlin en tête, ne veulent pas entendre parler.

La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi plusieurs fois assuré qu’une réduction classique de la dette grecque était « hors de question » . Une dégradation de la conjoncture en Grèce serait également lourde de conséquences financières pour les Européens, prévient le Fonds.

« Des financements supplémentaires exceptionnels pourraient être nécessaires de la part des États membres » en sus des 85 milliards d’euros envisagés par le FMI et retenus par la zone euro dans son pré-accord avec la Grèce. L’analyse du FMI en dit long sur le peu de crédibilité économique accordé au plan validé à Bruxelles, qui doit faire l’objet d’un vote au parlement grec ce mercredi 15 juillet.

Le Parlement grec ne devrait pas accepter « le chantage imposé par les créanciers de la Grèce sur Alexis Tsipras », a déclaré Zoé Konstantopoulou, présidente du Parlement, réagissant à l’étude du FMI sur la dette grecque.

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